La presse quotidienne béninoise a consacré ce vendredi ses titres à la démission du ministre d’Etat chargé de la Défense nationale, M. Pierre Osho.
« Démission du ministre d’Etat chargé de la Défense nationale, Pierre Osho : Un bel exemple de patriotisme », affiche en manchette le quotidien privé « La Presse du Jour »; « Démission du ministre d’Etat : la leçon d’honneur de Pierre Osho », titre « Le Pays », un autre journal d’information, alors que le quotidien gouvernemental « La Nation » se demande : « Après sa démission : Quel sort maintenant pour Pierre Osho ? ».
La plupart de ces journaux, en publiant la lettre de démission du ministre d’Etat, chargé de la Défense nationale, de ses fonctions actuelles dans le gouvernement du président Mathieu Kérékou, ont estimé que Pierre Osho vient de poser un acte hautement patriotique.
« Par cette démission douloureuse pour les uns et inadmissible pour les autres, Pierre Osho a préféré l’honneur au suivisme. Il ne veut aucunement gonfler la liste de ces anti-démocrates qui font des pieds et des mains pour maintenir le président Mathieu Kérékou au pouvoir. C’est une décision instructive pour ceux qui sont ouverts à toute bonne éducation », ont écrit des journaux
béninois.
Interprétant la lettre de démission de M. Osho, « Le Matin » a estimé que l’ancien ministre d’Etat, chargé de la Défense nationale du Bénin, a préféré quitter les choses avant que celles-ci ne le quittent.
Rien ne va plus au Gouvernement
« Après des décennies de bons et loyaux services rendus à la
nation et à un homme (Mathieu Kérékou), Pierre Osho, le plus fidèle parmi les fidèles, a décidé d’abandonner son seigneur. Son acte peut être interprété comme celui d’un homme sentant venir le danger et qui prend ses jambes à son cou avant que l’ouragan n’arrive et n’emporte tout sur son passage », commente le journal.
Selon le même quotidien, si le ministre Osho a décidé de quitter le gouvernement à moins de deux mois de la fin du mandat constitutionnel du gouvernement, ce n’est certainement pas un hasard.
« La démission de M. Osho est le signe que rien ne va plus entre les membres de l’équipe gouvernementale, au point où il a décidé de prendre ses distances à l’égard de cette équipe dont les incohérences et les agissements attentatoires à la légalité constitutionnelle ont gravement compromis la gestion rigoureuse, responsable et transparente du dossier électoral de l’échéance de mars 2006 », fait observer « Le Matin ».
Le quotidien gouvernemental « La Nation » fait remarquer que la démission de Pierre Osho du gouvernement du président Mathieu Kérékou est plus que surprenante.
« Faisant montre d’un courage – dont peu de responsables
politiques béninois peuvent se prévaloir – l’ancien professeur d’histoire devenu idéologue révolutionnaire avant de parier sur la démocratie béninoise à laquelle il a apporté une contribution sincère, surprend aujourd’hui beaucoup de ses compatriotes », écrit le quotidien, s’interrogeant sur les motifs réels de cette démission de M. Osho.
Désaveu pour Kirikou
« Mais qu’est-ce qui a bien pu amener M. Osho, le plus proche collaborateur du chef de l’Etat béninois depuis des années, à franchir aujourd’hui le Rubicon ? », se demande le même quotidien gouvernemental.
En réponse à cette inquiétude de « La Nation », le quotidien privé « La Nouvelle Tribune », sous le titre « Divorce politique : Kérékou lâché par ceux qui l’ont fait », fait remarquer qu’en dehors de M.Osho, d’autres mouvanciers et pas des moindres, ont décidé de tourner le dos au président béninois à cause de ses manoeuvres politiciennes pour ne pas organiser le scrutin présidentiel de mars prochain à bonne date.
« Des anciens ministres du président Mathieu Kérékou sortent de plus en plus de leur réserve pour s’opposer ouvertement à lui et appeler publiquement à son départ du pouvoir », écrit le journal, citant entre autres, le professeur Albert Tévoèdjrè, Bruno Amoussou et Lazard Sèhouéto.