La défense des papillons est un acte politique


Lecture 3 min.
Drapeau de la Tunisie
Drapeau de la Tunisie

La police tunisienne a arrêté la porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), Sihem Bensedrine, le 2- juin dernier, pour  » outrage à magistrat « . Et depuis, elle est incarcérée dans une prison pour femmes, non loin de la capitale. Sadri Khiari, membre du CNLT, appelle à la fin de la répression en Tunisie. Interview.

Le Conseil national pour les libertés en Tunisie milite pour la défense des droits de l’Homme et pour la démocratie. Non reconnu par le régime de Ben Ali, le mouvement a vu sa porte-parole, la journaliste Sihem Bensedrine, arrêtée le 26 juin à l’aéroport de Tunis par la police. Elle est depuis placée en détention. Et son procès est reporté sine die. Sadri Khiari, membre du CNLT, appelle à la libération des prisonniers d’opinion et à la refonte de la Constitution pour limiter le pouvoir de l’appareil exécutif. Interview express.

Afrik : Avez-vous des nouvelles de votre porte-parole ?

Sadri Khiari : Sihem Bensedrine a un moral d’enfer. On a de ses nouvelles par ses avocats et les membres de sa famille. Malheureusement, les droits de visite sont très limités. Elle se porte bien mais elle risque de nombreuses années de prison.

Afrik : Comment voyez-vous la suite du procès ?

Sadri Khiari : Avec le pouvoir tunisien, il est difficile de faire des pronostics. Les autorités ne tiennent pas compte de la loi. Tout dépend de leurs humeurs. Nous espérons sincèrement qu’ils seront raisonnables. Nous sommes inquiets car le procès est reporté aux calendes grecques.

Afrik : Il y a une forte mobilisation pour la libération de Sihem Bensedrine…

Sadri Khiari : Il est vrai que Sihem a acquis une grande notoriété mais le pouvoir tunisien privilégie toujours la répression. Il faut qu’il revienne à la raison car il a tout à perdre avec le tout répressif. Il est en train d’imploser. Vous n’avez qu’à voir ce qu’ils ont fait avec le juge Mokhtar Yahyaoui *. Au CNLT, nous revendiquons une nouvelle constitution pour limiter les pouvoirs exorbitants de l’exécutif et principalement ceux du chef de l’Etat. Nous demandons aussi la libération du millier de prisonniers politiques actuellement détenus.

Afrik : Vous êtes une association ou un parti politique ?

Sadri Khiari. Nous sommes une association non reconnue officiellement ! Mais en Tunisie, la défense des papillons est un acte politique si elle ne répond pas aux critères des autorités ! Tout acte a une dimension politique.

Afrik : Le parti au pouvoir, le RCD, vient de demander à Ben Ali de se présenter de nouveau aux présidentielles…

Sadri Khiari : C’est inouï, le parti du président demande au président de violer la constitution ! Là, par contre, ils vont tout mettre en oeuvre pour organiser un référendum afin de changer la Constitution (selon la loi en vigueur en Tunisie, l’actuel président n’a pas le droit de se présenter une nouvelle fois aux présidentielles, ndlr). Il faut que les autorités sachent qu’elles ont tout à perdre avec la répression. Et il faut que les tortionnaires et leurs commanditaires passent devant les tribunaux ! Nous militons pour les libertés, toutes les libertés.

*Haut magistrat tunisien, Mokhtar Yahyaoui a été suspendu de ses fonctions et privé de son salaire, quelques jours après avoir adressé au président Zine El-Abidine Ben Ali une lettre ouverte dénonçant les pressions sur les juges en Tunisie. Il encourt encore des sanctions disciplinaires.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News