On regarde, certes à raison, l’environnement des affaires pour voir s’il est facile ou pas de se lancer dans une activité économique, cependant, l’un des facteurs que l’on exclut du champ de l’analyse est ce que l’on pourrait nommer l’auto flagellation.
Dans son article, Dr. Reddinger décortique le cœur du sujet du livre de J.D Vance: « Mémoire d’une famille et d’une culture en crise ». L’auteur de ce livre considère que même si tout semble hostile à la réussite personnelle des plus pauvres et que cette voie d’échec semble toute tracée, ce chemin n’est pas inéluctable. C’est bien au sein de la famille que l’on peut capter les valeurs de la réussite. C’est possible et Vance l’a fait ! Il partage ce combat contre le « tout tracé » ! Cet article redonne du courage.
L’ouvrage de J.D Vance: « Mémoire d’une famille et d’une culture en crise », figurant parmi les meilleures publications en 2016, retrace l’histoire de sa remarquable ascension de pauvre Appalaches blanc jusqu’au diplômé en droit de Yale, pour finir avec une carrière en col blanc. Le livre fait rire, pleurer et réfléchir à l’importance de la culture pour le bien-être économique.
La culture du désespoir
Dr. Vance soutient que le manque d’opportunités économiques ne vient pas forcément du fait de ne pas être né dans une famille intelligente et riche, mais plutôt de freins liés à une culture «péquenaud » (inculte et grossièrement attaché à ses pénates, vivant le plus souvent dans des contrées rurales). Bien que Vance identifie plusieurs facteurs importants qui contribuent à l’échec économique, le plus important d’entre eux est selon lui «l’impuissance acquise», c’est à dire une croyance erronée selon laquelle les individus n’ont pas la capacité d’avancer même s’ils essayaient. Par exemple, même si l’on ne dit pas ouvertement aux enfants qu’ils ne peuvent pas réaliser ce qu’ils veulent dans la vie, les écoles leur enseignent cela de manière indirecte avec un impact important. Un pauvre n’aurait pas la capacité de faire de hautes études et de s’en sortir. Cela semble prédéfini.
Vance explique : « Le message n’était pas explicite, les enseignants ne nous ont pas dit que nous étions trop stupides ou trop pauvres pour le faire. Néanmoins, ces croyances étaient autour de nous, comme l’air que nous respirions. Personne dans nos familles n’était allé à l’université… nous ne connaissions personne dans une école prestigieuse située en dehors de l’État, et tout le monde connaissait au moins un jeune adulte sous-employé ou qui n’avait pas de travail du tout ». L’auteur ajoute: «Les étudiants n’attendent pas beaucoup d’eux-mêmes, car leur entourage ne croit pas trop en eux ».
Dans un tel contexte, ces personnes souffrent face à leur avenir limité, sans même comprendre que ce sont elles qui érigent leurs propres murs, leurs propres limites. Ainsi, elles ne font rien pour s’en sortir et ne recherchent même plus de meilleures opportunités dans la vie. Vance explique carrément: «Vous pouvez vous promener dans une ville où 30% des jeunes hommes travaillent moins de vingt heures par semaine sans trouver une seule personne consciente de sa paresse».
L’auteur souligne que le gouvernement ne peut rien faire pour remédier à des problèmes culturels aussi ancrés: « Je suis persuadé que les choses changerons seulement le jour où l’on arrêta d’indexer sans cesse la gouvernance du pays pour se parer des habits de la victime plutôt que de rechercher en soi les problèmes et donc les solutions». Mais si le gouvernement ne peut pas aider, qui peut le faire?
La solution ?
Vance soutient que les habitudes inculquées par les institutions locales non gouvernementales fournissent les compétences et l’éthique de travail qui font la différence dans la vie des gens. Il explique que c’est au sein de la famille, que l’on acquière les compétences nécessaires à la résolution des problèmes, et que l’on puise la la détermination de faire avancer les choses. Il raconte que les leçons données par sa grand-mère « l’ont sauvé ». Elle lui a en effet appris à croire en lui-même malgré tout le découragement ambiant et elle lui a appris à surmonter les problèmes qu’il a rencontrés.
Plus important encore, on voit que malgré la pauvreté de sa famille c’est cet environnement attentif et affectif qui lui a permis de s’insérer dans la société. Pourtant, la pauvreté n’était pas synonyme de stabilité «Les déménagements étaient nombreux et je devais sans cesse m’intégrer dans de nouveaux milieux, rencontrer de nouvelles personnes, apprendre à les aimer, puis à les oublier. Ça aurait pu être un véritable obstacle aux opportunités ». Mais Vale a surmonté la situation grâce à la force de sa cellule familiale.
En plus de la famille, Vance identifie d’autres groupes qui peuvent stimuler un individu, notamment les associations religieuses, qui tendent à inculquer les bonnes pratiques et comportements. Ensuite, le Corps des Marines des États-Unis lui a appris à «vivre comme un adulte». Il explique que même s’il avait été animé par un sentiment d’impuissance, les Marines lui auraient enseigné la détermination. Cependant, malgré l’influence positive de ces structures, rien, selon l’auteur, ne pourra remplacer la force de la famille. Notre avenir dépend de ce qui se passe (ou ne se passe pas) à la maison.
En soulignant l’importance de la famille en particulier, et des associations non gouvernementales en général, pour la construction des habitudes d’une culture saine, Vance offre au lecteur un récit engageant, émotionnel et profondément personnel. Il nous rappelle que le bien-être dépend non seulement de la structure juridique et d’une bonne politique, mais également des institutions de la société civile qui sont hors de la portée de l’État. Tout commence à la maison.
Par Dr. Reddinger, chercheur à la Regent University