Dans un rapport alarmant, l’ONU met en lumière la situation critique des enfants dans le nord-est du Nigeria. Malgré les efforts du gouvernement, les violations graves contre les mineurs atteignent des niveaux préoccupants, ravivant les inquiétudes de la communauté internationale.
Le conflit qui déchire le nord-est du Nigeria depuis plus d’une décennie continue de faire des ravages, particulièrement parmi les populations les plus vulnérables. Un nouveau rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés au Nigeria dresse un tableau sombre de la situation, révélant une augmentation alarmante des violations graves à l’encontre des mineurs.
Le conflit dans le nord-est du Nigeria trouve ses racines dans l’émergence de Boko Haram en 2009. Ce groupe extrémiste, dont le nom signifie « l’éducation occidentale est un péché » en langue haoussa, a lancé une insurrection violente visant à établir un État islamique dans la région. Au fil des ans, le conflit s’est intensifié, entraînant la formation de factions dissidentes telles que la Province de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP) en 2016.
Cette décennie de violence a profondément marqué la région, causant plus de 35 000 morts et déplaçant des millions de personnes. Les enfants, en particulier, ont payé un lourd tribut, étant souvent ciblés pour des enlèvements, des recrutements forcés, et subissant de plein fouet les conséquences de la destruction des infrastructures éducatives et sanitaires.
Une escalade inquiétante des violations
Le rapport onusien couvrant la période du 1er janvier 2022 au 31 décembre 2023 révèle des chiffres alarmants : 2 519 violations graves ont été perpétrées contre 1 250 enfants. Ces actes, attribués en grande partie aux groupes armés Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’awati wal-Jihad (JAS), ISWAP, et Bakura, témoignent d’une escalade de la violence envers les mineurs.
L’enlèvement d’enfants demeure la violation la plus fréquente, avec 1 105 cas recensés. L’année 2023 a été particulièrement sombre, enregistrant 859 enlèvements, un chiffre sans précédent depuis 2014. Le recrutement et l’utilisation d’enfants (821 cas) ainsi que les violences sexuelles (439 cas) complètent ce sinistre tableau.
Virginia Gamba, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a exprimé sa profonde préoccupation : « Les enfants du Nigeria, particulièrement dans le nord-est, vivent dans une insécurité permanente due à la présence de groupes armés. Ils ne devraient jamais avoir à troquer leurs espoirs et leurs rêves contre la peur et les larmes. »
L’Impact dévastateur sur l’avenir d’une génération
Bien que le nombre d’enfants tués ou mutilés ait diminué, l’utilisation croissante d’engins explosifs improvisés par les groupes armés continue de semer la terreur. Ces dispositifs ne menacent pas seulement les civils, mais entravent également les opérations des agences humanitaires, compromettant l’aide vitale apportée aux populations vulnérables.
Les attaques contre les écoles et les hôpitaux, bien qu’en baisse (12 cas vérifiés), ont des répercussions à long terme dévastatrices. La destruction des infrastructures éducatives et médicales, couplée à la pénurie d’enseignants, hypothèque gravement l’avenir de toute une génération d’enfants nigérians.
Des lueurs d’espoir
Malgré ce sombre constat, quelques avancées positives émergent. Le gouvernement nigérian a signé un protocole de remise avec les Nations Unies concernant les enfants impliqués dans le conflit. Les forces de sécurité nigérianes s’engagent désormais activement dans le traitement des cas d’enfants sous leur juridiction.
L’adoption de lois sur la protection de l’enfance dans les États de Borno, Adamawa et Yobe marque une étape. Durant la période couverte par le rapport, 15 967 enfants, y compris ceux associés à des groupes armés, ont bénéficié d’un soutien à la réintégration grâce aux efforts conjoints des autorités locales et des partenaires internationaux.
Le Groupe de travail conjoint civil (CJTF), soutenu par le gouvernement de l’État de Borno et l’ONU, poursuit la mise en œuvre de son plan d’action visant à mettre fin au recrutement d’enfants. Ces efforts ont conduit au retrait du CJTF de l’annexe du rapport du Secrétaire général de 2021 sur les enfants et les conflits armés.
Un appel à l’action urgente
Virginia Gamba a salué ces récentes initiatives du gouvernement nigérian, tout en soulignant la nécessité d’accélérer leur mise en œuvre. « Je réitère l’engagement des Nations Unies à soutenir le gouvernement dans tous ses efforts« , a-t-elle déclaré. Cependant, l’insécurité persistante dans le nord-est du Nigeria continue de poser un défi majeur pour la protection et le bien-être des enfants. Face à cette crise humanitaire qui s’éternise, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour protéger ces jeune et leur offrir un avenir exempt de violence et de peur.