Le Bureau International du Travail (BIT) vient de publier son rapport annuel sur les tendances mondiales de l’emploi. Dans ce document dénommé GET, il prévoit une augmentation du nombre de chômeurs de 18 à 51 millions de personnes en 2009 à travers le monde. Ce chiffre dépendra de l’évolution de la crise. En Afrique, les prévisions ne sont guère réjouissantes. Le continent qui compte déjà le plus grand nombre de travailleurs pauvres du monde pourrait voir sa situation s’aggraver.
Sombres perspectives pour l’emploi dans le monde et en Afrique en 2009. Selon le rapport annuel du Bureau International du Travail (BIT), la crise économique mondiale va se traduire en 2009 par une augmentation considérable, dans le monde, du nombre de chômeurs, des travailleurs pauvres et des personnes en situation d’emplois vulnérables. En fonction de la vitesse de mise en œuvre des mesures pour faire face à la crise, le rapport indique que, au regard de 2007, le nombre de chômeurs pourrait augmenter de 18 à 30 millions à travers le monde, et même de 51 millions si la situation continue de se détériorer.
« Le message du BIT est réaliste, non alarmiste. Nous affrontons une crise mondiale de l’emploi », a déclaré Juan Somavia, le directeur général du BIT, lors de la présentation de ce rapport, la semaine dernière. L’étude confirme. L’Afrique subsaharienne reste l’une des régions où les conditions de travail sont extrêmement difficiles. C’est également sur le continent qu’on dénombre les plus fortes proportions de travailleurs pauvres de toute la planète. Si cette tendance est à la baisse ces dix dernières années, environ quatre cinquièmes des employés sont toujours classés comme travailleurs pauvres en Afrique et en Asie du Sud en 2007.
« En Afrique, le chômage va augmenter mais légèrement »
En raison de la crise, cette situation pourrait s’aggraver dans ces deux régions cette année. Le ralentissement de l’économie mondiale, qui se traduit, entre autres, par la baisse des investissements directs étrangers sur le continent et la diminution des exportations de matières premières des pays africains pourrait accroître le nombre d’emplois vulnérables et de travailleurs pauvres. « En Afrique, explique Yves Perardel, Economètre au BIT, le chômage va augmenter mais de manière légère. Faute de protection sociale, ceux qui perdront leur emploi accepteront toute sorte de travail pour survivre. Le temps qui s’écoulera entre deux postes sera court.»
L’organisme rappelle que, même si le continent a connu des taux de croissance élevés ces dernières années, cela n’a pas permis, pour autant, de réduire significativement la pauvreté et le chômage. Le recul de la croissance attendu en 2009 (elle devrait être de 5% contre 5,3% en 2008, et 6,6% en 2007) pourrait même renverser les modestes progrès réalisés ces dernières années en termes de réduction de la pauvreté. D’après le rapport GET, le nombre de travailleurs pauvres, gagnant moins de 2 dollars par jour pourrait atteindre 1,4 milliard, soit près de 45% de la population active mondiale ayant un emploi. En 2009, la proportion de travailleurs en situation d’emploi vulnérable, c’est-à-dire ceux qui travaillent soit à leur propre compte, soit comme travailleurs familiaux non rémunérés, avec un risque plus élevé de se retrouver sans protection sociale en période de difficultés économiques, augmenterait considérablement pour atteindre près de 53 % de la population active possédant un emploi.
L’Afrique du Nord détient le taux de chômage le plus élevé
En 2008, l’Afrique du Nord a détenu le plus haut taux de chômage en 2008 avec 10,3%, alors que ce taux a été de 7,9% dans la partie subsaharienne du continent. Une différence que M. Perardel explique par l’existence de systèmes de protection sociale dans cette région. « Les gens se donnent beaucoup plus de temps pour trouver un emploi », affirme-t-il.
Pour lui, il y a une nécessité, notamment en Afrique subsaharienne, de prendre des mesures pour soutenir les groupes les plus vulnérables sur le marché du travail, comme les jeunes et les femmes. Dans son rapport le BIT indique qu’un énorme potentiel de main-d’œuvre reste inexploité dans le monde. Il estime que la croissance économique et le développement pourraient être importants si l’on donnait à chacun la chance d’avoir un emploi décent grâce à l’investissement productif et des politiques actives sur le marché du travail.