La crise israélo-palestinienne du point de vue marocain


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Al-Aqsa
Al-Aqsa

Le mot “Israël” dans le coran est le nom d’un homme de religion très respecté dans l’Islam, connu plus souvent chez les musulmans sous le nom de “Yaakoub” ou “Jacob”. Pour les musulmans, les enfants d’Israël sont un groupe ethnique qui se caractérise par une histoire et une culture communes très spéciales.

Les enfants d’Israël, dans le coran, sont ceux qui étaient historiquement concernés par les prophètes et les livres saints du judaïsme et du christianisme. Cependant, depuis 1948, le mot « Israël » désigne aussi un nouvel État accepté et considéré par l’Organisation des Nations Unies et qui a un drapeau orné d’une étoile de David et délimité par deux bandes en bleu ciel symbolisant les deux rivières entre lesquelles devrait s’établir ce nouveau pays.

La majorité des peuples arabes refusent toutefois de prononcer le mot “Israël” pour désigner l’État Juif du Moyen-Orient qui est en conflit continu avec les pays arabes. La majorité des Arabes appellent ce pays « L’État Sioniste » et refusent même son existence sur une terre qu’ils ont toujours appelé « La Palestine » et qui abrite la fameuse mosquée que le Coran appelle « Al-Aqsa ». La cause palestinienne est alors un principe intouchable dans les cœurs de la majorité des arabes qui se rappellent les souvenirs douloureux des massacres des Libanais et des Palestiniens causés par les rêves israéliens d’une patrie établie entre le Nil et l’Euphrate.

Mohammed VI préside l’Agence « Bayt Mal Al-Qods »

La vieille ville de Jérusalem recèle un monument historique appelé “Bab al-Maghariba” qui prouve que l’histoire de la Palestine chère aux arabes englobe même les musulmans du Maghreb qui ont toujours combattu pour la préservation de l’héritage islamique de Jérusalem. Le roi du Maroc Mohammed VI préside même l’Agence « Bayt Mal Al-Qods » afin de réaliser des projets en faveur des « maqdissis » pour une vie décente aux Palestiniens.

Les tentatives politiques internationales, même des pays les plus puissants, restent jusqu’à présent insuffisantes pour résoudre ce fameux conflit israélo-palestinien et peinent même à appliquer plusieurs décisions du Conseil de Sécurité des Nations Unies à ce sujet. L’État Israélien demeure alors isolé par plusieurs pays dont les gouvernements abdiquent à la volonté des peuples arabes qui se sont toujours opposés à l’agenda sioniste au Moyen-Orient. La solution à deux États au conflit israélo-palestinien basée sur les frontières de 1967 reste une condition fondamentale de plusieurs pays arabes avant tout accord politique avec l’État d’Israël. La Chine a récemment annoncé qu’elle considère que le principe de « la terre contre la paix » reste la meilleure solution pour ce conflit et appelle la communauté internationale à fournir des efforts plus sérieux pour relancer les pourparlers de paix entre les Palestiniens et les Israéliens.

Craintes d’un nouvel Apartheid interne

A en croire les statistiques publiées en 2017, 24% de la population israélienne s’auto-identifie encore comme Palestiniens. Cependant, ils sont contraints d’utiliser le nouvel hébreu comme langue principale aux écoles et aux administrations et ils doivent faire face à l’instauration des nouvelles lois religieuses de l’État Juif.

Beaucoup de penseurs considèrent que les minorités d’Israël, qui ont auparavant joui d’anciennes réglementations laïques, risquent, plus que jamais, de souffrir d’un nouvel Apartheid interne qui les prive de leurs droits les plus fondamentaux en tant que citoyens.

Même les non-arabes ont refusé la mort triste de la journaliste Shireen Abu Akleh. Beaucoup considèrent qu’Israël défie maintenant, avec de tels actes, toute la communauté internationale qui s’inquiète de plus en plus, surtout après le triomphe du Kahanisme radicaliste dans les milieux politiques de l’État Juif. En effet, la réincarnation du groupe extrémiste juif Kahane Chai, considéré auparavant terroriste par Washington, risque de mener le Moyen-Orient vers de nouveaux conflits qui arrêteront sûrement le processus difficile de rapprochement initié par les États-Unis entre Israël et plusieurs pays arabes.

Y a-t-il égalité des citoyens en Israël ?

Cette tentative de rapprochement déjà fragilisée par l’opposition d’une partie significative des peuples arabes constituait une lueur d’espoirs, surtout pour les pacifistes et la catégorie des « Juifs pauvres » d’Israël, pour sortir du dangereux piège israélo-palestinien au Moyen-Orient. Pas moins de 800 000 Israéliens sont assurément d’origine marocaine et peu d’entre eux ont pu convenablement grimper les échelles de la hiérarchie israélienne. Et cela, à cause de leur groupe ethnique d’origine Amazigh ou parfois d’origine Andalouse. Ils constituent majoritairement ce qu’on appelle la catégorie des “Juifs pauvres” et leur faute est que leurs parents ont côtoyé les musulmans par le passé et ont vécu en parfaite symbiose avec eux au Maroc.

Cette catégorie des juifs refuse qu’elle ne soit utile qu’au domaine militaire israélien et peine à jouir, comme les autres catégories, des postes nobles du paysage politique d’Israël. Ces pauvres marocains ont des souvenirs du Maroc qui les considérait comme de vrais citoyens malgré leurs croyances différentes. En plus, ils ont une histoire commune aussi avec les Andalous abrités au Maroc après une période difficile en Europe. Même si le roi du Maroc Mohammed VI s’engage toujours en faveur de la question palestinienne, il a choisi récemment de réorganiser les institutions juives au Maroc en publiant un dahir (décret) relatif à l’organisation de cette communauté et qui prévoit la création du Conseil national de la communauté juive marocaine, la Commission des Juifs marocains de l’étranger et la Fondation du judaïsme marocain qui est une branche religieuse pas moins intéressante que le fameux judaïsme du Yémen par exemple.

L’exemple de la victoire du Maroc au Qatar

Les Marocains de toutes les religions ont donné au monde entier l’espoir de résoudre pacifiquement cette crise du Moyen-Orient quand ils sont sortis célébrer à Tel Aviv et en Cisjordanie l’exploit de l’équipe nationale marocaine au Mondial de Qatar. La majorité du peuple marocain préfèrerait voir les juifs marocains regagner en paix leurs “mellahs” historiques au Maroc au lieu de les voir piégés sans perspective en Israël. Les Marocains de toutes les religions doivent porter une grand estime à leur histoire commune pour se protéger contre le terrorisme aveugle qui n’a aucune religion.

La question palestinienne non résolue risque évidemment d’être un prétexte des grandes puissances mondiales pour mener le monde vers une nouvelle guerre destructive au Moyen-Orient. Est-ce que la solidarité du peuple marocain qui a persisté malgré les différences religieuses entre musulmans et juifs donnera alors l’exemple pour atténuer les tensions entre les musulmans et les juifs du Moyen-Orient? Est-ce que l’exemple de l’histoire multiculturelle du Maroc jouera un rôle dans la résolution de ce problème qui risque de s’aggraver dans ce nouveau contexte mondial de la crise ukrainienne ?

Par Akram Louiz: Auteur, poète, Lieutenant de première classe de la marine marchande

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