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La Cour suprême de Namibie a rendu une décision importante en rejetant le recours déposé par le principal parti d’opposition, les Patriotes indépendants pour le changement (IPC), qui contestait les résultats de l’élection présidentielle de novembre dernier. Cette décision met un terme à une bataille juridique qui a secoué le pays, où la Présidentielle a été marquée par des problèmes logistiques et des irrégularités dans le processus de vote.
L’élection présidentielle et législative du 27 novembre 2024 a été un événement historique, avec la victoire de Netumbo Nandi-Ndaitwah, la première femme à accéder à la Présidence en Namibie. Âgée de 72 ans, Nandi-Ndaitwah a remporté le scrutin dès le premier tour, pour avoir obtenu 57,31% des voix. Cette victoire a renforcé la position du parti au pouvoir, la Swapo (South West Africa People’s Organization), qui dirige la Namibie depuis son indépendance en 1990. Néanmoins, cette élection a été entachée par des difficultés organisationnelles, ce qui a soulevé des inquiétudes quant à sa transparence et à sa régularité.
Les opérations de vote poursuivies dans certaines régions du pays
Les élections ont été prolongées à deux reprises en raison de problèmes techniques et logistiques, dont une grave pénurie de bulletins de vote, qui a perturbé le bon déroulement du scrutin. Le jour du vote, de longues files d’attente ont contraint de nombreux électeurs à renoncer à leur droit de vote après avoir attendu pendant plus de 12 heures. Face à ces difficultés, le gouvernement a décidé d’étendre les opérations de vote dans certaines régions du pays, une décision qui a été vivement critiquée par l’opposition.
Le principal parti d’opposition, les IPC, a rapidement dénoncé cette prolongation, estimant qu’elle allait à l’encontre de la Constitution namibienne. Ils ont accusé le vice-président Nangolo Mbumba, en charge de la gestion du processus électoral, d’avoir outrepassé ses pouvoirs en autorisant cette extension. Le recours a été porté devant la Cour suprême, qui a été amenée à trancher sur la légalité de cette décision.
« La Namibie ne se développera jamais si… »
Lors de la lecture de l’arrêt, le président de la Cour suprême, Peter Shivute, a souligné que la prolongation des opérations de vote était légale et conforme à la Constitution. Il a précisé que la commission électorale nationale avait la compétence de faire des recommandations, et que le président, suivant ses conseils, avait le pouvoir d’étendre le délai de vote afin de permettre à ceux qui n’avaient pas pu s’exprimer de le faire. Selon la Cour, cette prolongation ne constituait pas une nouvelle élection mais plutôt une continuation du processus de vote, visant à assurer que tous les électeurs aient la possibilité de participer.
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Le candidat de l’opposition, Panduleni Itula, qui a obtenu 25,5% des voix lors de l’élection, a réagi de manière pacifique à la décision de la Cour. « Il faut accepter ça et aller de l’avant », a-t-il déclaré après le jugement. « La Namibie ne se développera jamais si nous continuons à nous blâmer mutuellement ». Ces paroles ont été interprétées comme un appel à la réconciliation et à la coopération, dans un pays qui cherche à maintenir sa stabilité politique après cette élection controversée.
Débat juridique sur la validité des résultats de l’élection présidentielle
La décision de la Cour suprême a également abordé la question des coûts liés au recours, en précisant qu’ils seraient partagés entre les deux parties. Cette mesure est perçue par certains comme un signe de volonté d’apaisement et de recherche de compromis. Henning Melber, un chercheur spécialiste des affaires politiques en Afrique, a commenté cette décision en soulignant que « la priorité a été donnée à la stabilité politique plutôt qu’à la remise en question des aspects douteux du processus électoral ». Il a ajouté que si les opérations de vote avaient été prolongées partout, les doutes sur la légitimité du scrutin auraient été moins nombreux.
Cette décision de la Cour suprême clôt donc le débat juridique sur la validité des résultats de l’élection présidentielle, mais elle ne fait pas disparaître les interrogations sur la gestion de ce scrutin. Les critiques persistent, notamment concernant la gestion logistique des élections, qui ont révélé des faiblesses dans l’organisation. Néanmoins, le pays semble se diriger vers une période de stabilité politique, avec l’espoir que le nouveau gouvernement pourra se concentrer sur les enjeux économiques et sociaux, loin des tensions électorales.