La Côte d’Ivoire se dote d’un dispositif « Alerte Enlèvement » face à la recrudescence des disparitions d’enfants


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Alassane Ouattara, Président ivoirien
Alassane Ouattara, Président ivoirien

La Côte d’Ivoire a officiellement lancé, ce vendredi, le plan « Alerte Enlèvement », un dispositif directement inspiré des systèmes en vigueur aux États-Unis (Amber Alert) et en France, visant à alerter massivement et rapidement la population en cas de disparition d’un enfant. Ce plan vise à faire face à l’augmentation des enlèvements dans le pays, notamment ceux d’enfants pour des crimes rituels ou crapuleux.

Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Vagondo Diomandé, a souligné l’importance de ce plan pour renforcer la sécurité des enfants en Côte d’Ivoire. « Le plan Alerte Enlèvement, en plus de garantir une meilleure protection de nos enfants, renforcera également la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme », a-t-il déclaré. La Côte d’Ivoire devient ainsi le premier pays africain à se doter d’un tel système. Ce, avec l’objectif d’améliorer la réactivité des autorités et de la population en cas de disparition d’un mineur.

Des précédents marquants d’enlèvements en Côte d’Ivoire

La mise en place de ce dispositif intervient dans un contexte où les enlèvements d’enfants, souvent à des fins rituelles ou crapuleuses, se sont multipliés en Côte d’Ivoire, particulièrement lors des périodes d’échéances politiques ou de tensions. En 2015 et en 2018, plusieurs cas d’enlèvements rapprochés ont semé la panique à travers le pays. Ces disparitions, largement relayées sur les réseaux sociaux, ont créé une véritable psychose, incitant même certains citoyens à tenter de se faire justice eux-mêmes face à la lenteur des enquêtes.

Ces enlèvements, souvent motivés par des croyances en des sacrifices humains pour obtenir pouvoir ou richesse, ont profondément marqué l’opinion publique. À chaque période de troubles, ces affaires d’enlèvements ont relancé le débat sur la protection des enfants et sur la nécessité pour les autorités ivoiriennes  de mettre en place des dispositifs de prévention et de réponse rapide.

Un modèle inspiré de l’alerte Amber et du plan français

Le plan « Alerte Enlèvement » de Côte d’Ivoire s’inspire directement de l’alerte Amber, mise en place aux États-Unis dans les années 1990, et du dispositif français lancé en 2006. La France a d’ailleurs apporté son aide technique et son expertise pour la mise en œuvre de ce dispositif en Côte d’Ivoire. Le plan repose sur une large diffusion d’un message officiel à travers les médias traditionnels et les réseaux sociaux afin de mobiliser la population pour retrouver rapidement l’enfant enlevé.

Quatre critères cumulatifs doivent être remplis pour déclencher le plan : la victime doit être mineure, l’enlèvement doit être confirmé, la vie ou l’intégrité physique de la victime doit être menacée, et les enquêteurs doivent disposer d’éléments concrets dont la diffusion pourrait aider à localiser l’enfant. Lorsqu’une alerte est déclenchée, un message écrit en lettres blanches sur fond rouge est diffusé sur tous les canaux de communication pour atteindre un large public.

Une réponse adaptée à une menace grandissante

La multiplication des cas d’enlèvements en Côte d’Ivoire, notamment depuis 2014, a justifié l’adoption d’un tel dispositif. Selon les statistiques de la police ivoirienne, environ 60 disparitions inquiétantes de mineurs ont été recensées au cours des dernières années, avec un taux de résolution de 85%. Ce taux reste encourageant, mais l’ampleur du phénomène a poussé les autorités à renforcer leur arsenal pour prévenir ces disparitions et agir plus rapidement.

Le procureur adjoint de la République, Alexandre Koné, a salué l’arrivée du plan « Alerte Enlèvement » comme une avancée significative pour la sécurité publique. « La mise en œuvre de ce plan contribue non seulement à la protection immédiate des enfants, mais elle favorise aussi un climat de vigilance accru au sein de la société », a-t-il déclaré. L’objectif est également de sensibiliser les Ivoiriens à cette problématique et de les impliquer dans la recherche des enfants enlevés.

Une lutte contre les crimes rituels et la criminalité organisée

Les enlèvements d’enfants en Côte d’Ivoire sont souvent liés à des pratiques occultes, notamment les sacrifices rituels, qui deviennent plus fréquents lors des périodes de tensions politiques ou sociales. Ces actes barbares, profondément enracinés dans certaines croyances locales, continuent de choquer l’opinion publique. La collaboration entre la Côte d’Ivoire et les partenaires internationaux, comme la France, est donc d’une importance capitale pour lutter contre ces formes de criminalité.

Le plan « Alerte Enlèvement » s’inscrit dans une démarche plus large de sécurisation du territoire ivoirien, en réponse à la fois aux menaces internes et externes, comme le terrorisme et la criminalité transnationale. À cet égard, le ministre de l’Intérieur a insisté sur l’importance de renforcer la coopération avec les pays voisins pour prévenir les enlèvements transfrontaliers et démanteler les réseaux criminels qui prospèrent dans la sous-région.

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