Un calme relatif s’est instauré hier mercredi, sous forte surveillance militaire. Le bilan officiel s’établit à 20 morts, dont deux membres des forces de l’ordre.
Ce jeudi est férié en Côte d’Ivoire, en commémoration du septième anniversaire de la mort de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny. Le calme relatif, dû à une très forte présence militaire, qui s’est établi hier dans les rues d’Abidjan, semble perdurer. Le ministère de l’Intérieur a fait savoir, dans la soirée de mercredi, que 340 personnes avaient été arrêtées et qu’elles seraient déférées devant les tribunaux.
De nombreux témoignages avaient attesté, dès mercredi matin, de rafles extra-judiciaires, qui auraient touché les hommes de tous âges dans les quartiers populaires de la ville. L’inquiétude quant à de possibles massacres était particulièrement vive dans le quartier d’Adjamé et surtout dans le quartier Yopougon, où un charnier de 57 corps avait été découvert le 27 octobre dernier.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des policiers et des gendarmes avaient investi la casse automobile d’Adjamé, où sont employés de nombreux étrangers, et y avaient mis le feu ainsi qu’aux bâtiments environnants. Au moins une personne avait été tuée en défendant sa maison. Les habitants du quartier ont déclaré que les forces de l’ordre avaient interdit aux pompiers d’intervenir.
Mercredi dans la journée, un témoin interrogé aujourd’hui par afrik.com a déclaré que des coups de feu avaient été tirés dans la matinée dans le quartier de Yopougon.
Cristallisation
Ailleurs dans le pays, les témoignages que nous avons recueillis attestent d’une très grande tension xénophobe. La question de l’invalidation électorale du président du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Ouattara, qui avait été à l’origine des manifestations violentes depuis lundi, semble évoluer de plus en plus vers une mise en accusation des Ivoiriens musulmans issus du nord du pays ainsi que des étrangers.
Le patron du RDR, toujours présent à Paris mercredi, semble désormais cristalliser une vague de haine indistincte et violente contre les » allogènes » – en fait, tous les habitants qui ne sont ni Bété, ni Baoulé. En sens inverse, des » nordistes « , et notamment des groupes de chasseurs dozos, manifestent violemment en se réclamant du RDR, parce qu’ils ont le sentiment, à tort ou à raison, que le musulman Ouattara est inconditionnellement des leurs.
En-dehors de cette question ethnique, plusieurs médias du pays, comme par exemple Douze, présentent les manifestations du RDR comme un » coup d’Etat manqué « , qui aurait commencé après le rassemblement ayant eu lieu lundi au stade Houphouët-Boigny.
Retrouvez ici le point de la situation mercredi matin