
La Côte d’Ivoire pleure l’un de ses plus grands diplomates. Essy Amara, ancien président de la Commission de l’Union africaine, s’est éteint ce mardi.
Dans la nuit du lundi 7 au mardi 8 avril 2025, la Côte d’Ivoire a perdu l’une de ses figures diplomatiques les plus éminentes avec le décès d’Essy Amara à l’âge de 80 ans à son domicile d’Abidjan. Sa disparition marque la fin d’une carrière exceptionnelle dédiée au service de son pays et du continent africain sur la scène internationale. « Avec la disparition d’Essy Amara, c’est une page importante de la diplomatie africaine qui se tourne. » nous confie un diplomate chevronné.
Formation et ascension diplomatique
Né le 20 décembre 1944 à Bouaké, Essy Amara a poursuivi des études en droit public à l’Université de Poitiers en France, avant d’obtenir un diplôme du Carnegie Endowment for International Peace en Suisse. Cette solide formation académique a posé les bases de sa future carrière diplomatique qui débute en 1971 lorsqu’il est nommé Premier conseiller à l’ambassade de Côte d’Ivoire au Brésil. Deux ans plus tard, il rejoint la mission permanente de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies à New York, marquant le début d’une relation privilégiée avec l’ONU.
En 1975, il est nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Suisse, représentant également son pays auprès de l’Office des Nations Unies à Genève et de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) à Vienne. De 1977 à 1978, il préside le Groupe des 77 à Genève, une coalition de pays en développement visant à promouvoir leurs intérêts économiques communs.
En 1981, Essy Amara est nommé Représentant permanent de la Côte d’Ivoire auprès des Nations unies, poste qu’il occupera jusqu’en 1990. Durant cette période, il joue un rôle clé en obtenant l’élection de la Côte d’Ivoire en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU en 1990, assumant la présidence de cette instance en janvier de la même année.
Ministère des Affaires étrangères et engagements internationaux
En 1990, le Président Félix Houphouët-Boigny le nomme ministre des Affaires étrangères, fonction qu’il exercera jusqu’en 2000. Son mandat est marqué par une diplomatie active visant à renforcer la position de la Côte d’Ivoire sur la scène internationale. En 1994, il est élu président de la 49ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations unies, devenant ainsi le premier Africain francophone à occuper cette fonction prestigieuse.
Après son passage au ministère des Affaires étrangères, Essy Amara est élu en 2001 Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA). Il joue un rôle déterminant dans la transformation de l’OUA en Union africaine (UA) en 2002, devenant le premier Président de la Commission de l’UA, poste qu’il occupe jusqu’en 2003.
Héritage et reconnaissance
Tout au long de sa carrière, Essy Amara a été reconnu pour son engagement en faveur de la paix et de la coopération internationale. En mai 2014, le lycée municipal de Kouassi-Datékro, son village natal, est rebaptisé en son honneur, témoignant de la reconnaissance de ses concitoyens pour ses contributions exceptionnelles. En avril 2018, il est décoré de l’Ordre de l’Etoile du Mérite par le Président palestinien, Mahmoud Abbas, en reconnaissance du soutien apporté par la Côte d’Ivoire à l’État palestinien dans sa lutte pour la liberté et l’indépendance.
Essy Amara laisse derrière lui un héritage diplomatique et politique considérable, symbolisant l’engagement et le dévouement au service de la Côte d’Ivoire et du continent africain.