Le plus gros transformateur de fève de cacao s’est vu notifié un redressement fiscal de plus d’un milliard de FF. Ouille ! Une décision qui n’est pas pour arranger les relations avec les investisseurs étrangers qui désertent le pays pour cause d’instabilité politique.
On a beau travailler dans le cacao, il y a des coups de barre qui font mal. La Société africaine de cacao, SACO, filiale du holding suisse Barry Callebaut, en Côte d’Ivoire, s’est vue notifiée un redressement fiscal de plus de 106 milliards de FCFA par le fisc ivoirien – 1,06 milliards de FF.
Un redressement astronomique car il concerne trois années d’exercice. « Difficile de croire que la SACO a gagné autant d’argent pour motiver un pareil redressement », estime, dubitatif, un expert de l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO). La SACO affiche un capital de 4 milliards de FCFA et 60 milliards de FCFA de chiffre d’affaires annuel.
La capacité de transformation des fèves de cacao s’élèverait à 100 000 tonnes, dont 99% destinées à l’exportation. En outre, la branche Barry Callebaut Négoce achèterait au marché national quelque 250 000 tonnes de matière première.
La fin d’une lune de miel ?
Contacté par Afrik, le directeur général de la SACO, Didier Buecher, invoque une « erreur du fisc ivoirien » qui « a calculé le prix des transferts des semis produits (beurre de cacao, poudre, tourteaux) que nous vendons aux 25 usines mondiales de notre groupe, sur la base des tarifs en vigueur dans les pays consommateurs, alors que nous pratiquons les prix du marché des pays producteurs ».
Reste que la lune de miel entre la SACO et le gouvernement est un peu gâchée. Le 16 novembre, le PDG du Groupe, Andreas Schmid, s’était déplacé en personne au siège du gouvernement afin de féliciter le nouveau Premier ministre, Affi N’Guessan.
L’occasion pour la SACO de réaffirmer son ambition de rester le premier transformateur de fèves de cacao du pays. Et d’assurer les nouveaux maîtres du pays de sa loyauté.
Si le DG de la SACO se dit « choqué » d’avoir vu la notification de redressement « apparaître aussi rapidement dans la presse », Didier Buecher se refuse à remettre en cause son implication en Côte d’Ivoire : « Notre présence ici est ancienne et elle durera. Nous avons 30 jours pour faire valoir notre point de vue et nous avons bon espoir d’obtenir gain de cause », explique-t-il.
Lundi dernier, lors d’une réception réunissant investisseurs français et décideurs ivoiriens à l’ambassade de France, le chef de gouvernement a dû subir des critiques acerbes sur sa politique fiscale.
Ce regain de tension entre les acteurs économiques et le gouvernement Gbagbo intervient alors qu’une mission du FMI et de la Banque mondiale est attendue à Abidjan pour discuter de la reprise de l’aide internationale, suspendue depuis le coup d’Etat de décembre 1999.