La Côte d’Ivoire face à l’urgence humanitaire


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Six mois après la crise post-électorale, où en est la Côte d’Ivoire ? C’est à cette question qu’Action contre la faim a tenté de répondre ce mardi lors d’une conférence de presse à Paris. Elle tire la sonnette contre le manque de moyens et de mobilisation pour couvrir les besoins urgents de la population.

Urgence. C’est le mot d’ordre d’Action contre la faim. L’organisation humanitaire, qui intervient à Abidjan, dans l’ouest et le nord du pays, appelle les organisations internationales et les décideurs à mobiliser des fonds financiers pour couvrir les besoins urgents de la population. « On parle beaucoup de la situation politique et économique de la Côte d’Ivoire mais peu des populations qui ont besoin plus que jamais d’assistance », déplore Vincent Taillandier responsable des programmes d’Action contre la faim dans le pays. « Nous n’avons aucune visibilité de l’avenir. Les programmes que nous avons mis en place pour accompagner les populations peuvent cesser à tout moment car nous manquons vraiment de fonds financiers », explique-t-il. Selon lui, « cette absence de ressource peut être un facteur qui peut à nouveau déstabiliser le pays ».

Dans l’ouest, la situation est particulièrement préoccupante. L’organisation humanitaire s’est engagée jusqu’en 2013 à renforcer les centres de santé et à éradiquer la malnutrition. Au moins « 30% des ménages ont des difficultés à couvrir leurs besoins alimentaires et 15 000 enfants risquent une malnutrition sévère », d’après Reza Kasrai, chef de mission en Côte d’Ivoire. Quarante centres de santé ont besoin d’assistance. Mais faute de moyens, seuls dix ou douze pourront être pris en charge d’ici la fin de l’année 2012. Dans les régions du centre et de l’est, l’organisation humanitaire n’a aucune main mise. Les populations sont livrées à elles même.

« Les populations ont besoin plus que jamais d’assistance »

Le problème des déplacés est également une des priorités d’Action contre la faim. Leur nombre est estimé à 300 000. « Un chiffre difficile à évaluer » pour Vincent Taillandier « car ils n’ont pas tous été recensés ». Selon lui, « le Libéria compte au moins 170 000 réfugiés qui pour la plupart sont très peu nombreux à vouloir rentrer en Côte d’Ivoire, tant l’instabilité du pays est encore grande ». Les populations déplacées « attendent d’après lui des signaux politiques positifs pour repartir dans leur pays ».

Depuis l’investiture du président Alassane Ouattara, « la Côte d’Ivoire semble se redynamiser. Des élections législatives ont été annoncées pour la fin de l’année », selon Vincent Taillandier. Mais il estime que toutes ces mesures « ne garantissent pas la stabilité politique. Les clivages entre les populations existent toujours ». Pour lui, il est essentiel de « replacer la crise récente dans le contexte d’une décennie de crise qui a affaibli le pays ». « Les autorités ivoiriennes ont face à eux un véritable défi, juge-t-il. Ils doivent prouver leur capacité à restaurer la sécurité, la paix et les services publiques de bases ». Malgré ce climat tendu, « le peuple ivoirien aspire toujours à la paix et espère à nouveau voir une Côte d’Ivoire florissante, explique-t-il. Il sera sans doute difficile de stabiliser le pays avant la prochaine élection présidentielle ».

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