
Lors d’une rencontre à Abidjan, le Président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé que la Côte d’Ivoire, en collaboration avec le Ghana, est prête à fournir une aide substantielle aux pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette aide vise à répondre aux défis humanitaires et sécuritaires auxquels ces nations font face. Le Président Ouattara a exposé cette déclaration lors d’un point de presse conjoint avec son homologue ghanéen, John Dramani Mahama, qui était en visite de travail en Côte d’Ivoire. Cette visite a permis d’approfondir les discussions sur les crises sécuritaires qui secouent la région et de réitérer l’engagement des deux pays à soutenir les nations du Sahel.
Un soutien humanitaire et sécuritaire à l’Alliance des États du Sahel
La situation dans la région du Sahel reste extrêmement préoccupante, avec des conflits persistants et des problèmes socio-politiques majeurs affectant plusieurs pays. Les Présidents ivoirien, Alassane Ouattara, et ghanéen, Dramani Mahama ont souligné l’urgence d’une aide humanitaire et sécuritaire pour les nations membres de l’AES, une organisation fondée en 2023 par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Cette alliance est née dans un contexte tendu avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), suite à des désaccords sur la gestion de la crise au Niger et des tensions politiques dans la région.
L’AES, qui se veut un regroupement de défense et de solidarité, a vu le jour après des menaces d’intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, où le président renversé Mohamed Bazoum avait été déposé. Au cœur des discussions, Ouattara et Mahama ont exprimé leur volonté de jouer un rôle central dans l’apaisement des tensions et dans l’offre d’une assistance pour ces nations. Le président ivoirien a évoqué la nécessité d’apporter une aide substantielle aux pays du Sahel afin de répondre à leurs besoins urgents en matière de sécurité et d’assistance humanitaire.
La réintégration des pays du Sahel dans la CEDEAO : un grand défi
Un autre sujet majeur de cette rencontre a été la question du retrait de certains pays de l’AES de la CEDEAO. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé en janvier 2024 leur décision de se retirer de l’organisation régionale, invoquant la nécessité de défendre leur souveraineté et de lutter contre ce qu’ils considèrent comme l’instrumentalisation de la CEDEAO par une ancienne puissance coloniale. Cette sortie a été confirmée fin janvier 2024, et ces pays ont lancé une période de transition de six mois, au terme de laquelle ils pourraient réévaluer leur position.
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Face à cette situation, le Président Ouattara a sollicité l’aide de son homologue ghanéen pour convaincre les pays de l’AES de revenir au sein de la CEDEAO. Selon lui, il est essentiel de maintenir l’unité et la coopération dans la sous-région, car cela constitue un pilier pour le développement et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. Le Président Mahama, pour sa part, a exprimé son optimisme et sa conviction qu’il reste encore des possibilités pour convaincre ces pays de réintégrer l’organisation régionale. Il a souligné qu’il est préférable pour ces nations de rester dans une organisation de quinze membres, plutôt que de se retrouver isolées avec seulement trois pays. Il a également fait valoir que les liens économiques et humains entre ces pays et les autres membres de la CEDEAO sont un facteur déterminant pour leur retour au sein de la communauté régionale.
Renforcement des liens économiques et de sécurité
Au-delà de la question de l’AES, les deux présidents ont abordé plusieurs sujets de coopération bilatérale. Un des points essentiels de cette coopération concerne le secteur du cacao, où les deux pays jouent un rôle prépondérant. Ensemble, ils représentent près de 60 % de la production mondiale de cacao, ce qui en fait un secteur clé de leurs économies. Ils ont réaffirmé leur volonté de soutenir des initiatives communes pour renforcer cette industrie, notamment l’initiative Cacao Côte d’Ivoire-Ghana qui a pour objectif de favoriser une production durable et de valoriser davantage la filière.
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Les deux chefs d’État ont également discuté de la coopération dans les domaines des mines et de l’énergie. Ils ont exprimé leur détermination à lutter contre l’orpaillage illégal, un fléau qui nuit non seulement à l’économie, mais aussi à l’environnement. La gestion de la qualité de l’eau, un sujet particulièrement pertinent en raison des rivières transfrontalières entre les deux pays, a également été abordée. Ces rivières ont un impact direct sur la vie des populations des deux côtés de la frontière, d’où la nécessité de mettre en place une surveillance et une gestion communes.
Coopération en matière de sécurité et de défense
Enfin, la coopération en matière de sécurité et de défense a occupé une place centrale dans les discussions entre Ouattara et Mahama. Les deux présidents ont convenu de renforcer leurs efforts pour assurer la stabilité et la paix en Afrique de l’Ouest. Ils ont souligné l’importance de lutter contre des menaces globales telles que le terrorisme, la piraterie maritime et les différents trafics qui affectent la sous-région. Le soutien à l’accord de partenariat stratégique entre la Côte d’Ivoire et le Ghana, signé en 2017, a été réaffirmé, avec l’objectif de consolider la coopération dans les domaines de la sécurité et de la défense.
Les deux pays ont également abordé les grands projets régionaux en cours, tels que le corridor Abidjan-Lagos, qui devrait renforcer les liens commerciaux entre les pays de l’Afrique de l’Ouest, et la mise en place d’une monnaie commune, l’Eco, qui pourrait transformer l’économie de la sous-région.