La situation demeure stable sur le plan militaire : les mutins contrôlent toujours le Nord et l’armée loyaliste campe autour de Bouaké, la seconde ville du pays. Sur le plan diplomatique, Laurent Gbagbo a donné son accord pour le sommet de Dakar de la Cedeao le 5 octobre.
Les ressortissants français résidant à Bouaké ont commencé à faire leurs bagages pour quitter la ville sous escorte de l’armée française. » On nous a demandé si nous voulions partir vers Yamoussoukro pour être ensuite évacués vers Abidjan. J’ai accepté tout de suite car la situation commence à devenir intenable. Les mutins n’embêtent pas la population mais il devient difficile de trouver à manger et l’eau est coupée dans certains quartiers « , témoigne un expatrié français sur le départ.
A Paris, la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, annonce que les troupes françaises se tiennent prêtes pour l’évacuation des ressortissants étrangers. » Nous avons décidé de procéder à Bouaké à l’évacuation des ressortissants qui en feraient le demande « , a précisé la ministre. Les autres étrangers pourraient également bénéficier de la protection française.
Statu quo militaire
Le président Abdoulaye Wade a demandé aux autorités françaises d’évacuer l’équipe sénégalaise espoirs de football qui est bloquée dans un hôtel depuis une semaine. Le général Jean-Pierre Kelche, chef d’état-major des armées, affirme que l’évacuation commencera ce jeudi après-midi et concernera environ 800 personnes. Pour l’officier français, il serait souhaitable que » l’armée ivoirienne ne s’en mêle pas car nous sommes en contact avec les mutins. Nous avons tracé avec eux les lignes à ne pas franchir sur place « .
Les positions n’ont guère évolué, les mutins contrôlent toujours Bouaké (centre), la seconde ville du pays. » Nous ne voyons aucun uniforme de l’armée loyaliste. Cela nous inquiète beaucoup. On se demande ce qui se passe. Nous avons peur que cela tourne au carnage si tous les étrangers quittent la ville. Nous assistons à la conséquence de la politique ethnocide de l’ivoirité. Nous avons vraiment peur des réactions de l’armée régulière. Bouaké est calme depuis deux jours, c’est anormal et inquiétant. Nous avons l’impression d’être livrés à nous-mêmes « , se plaint un habitant de Belleville, joint au téléphone depuis Paris.
Gbagbo à Dakar
Depuis 48 heures, la crise ivoirienne a pris une dimension régionale. Le Nigeria a dépêché trois avions de combat ainsi qu’un certain nombre de personnels militaires en Côte d’Ivoire. Trois avions de combat nigérians de type Alphajet sont arrivés mercredi soir à Abidjan. Et le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a donné son accord pour participer au sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) prévu à Dakar le 5 octobre et consacré à la crise en Côte d’Ivoire.
La Cedeao n’exclut pas une intervention en Côte d’Ivoire de l’Ecomog, sa force de maintien de la paix, a indiqué ce jeudi à Abidjan Mohamed Ibn Chambas, Secrétaire exécutif de l’organisation, à l’issue de sa rencontre avec Laurent Gagbo. » Dans le cadre de notre mécanisme de prévention et de résolution des conflits, nous avons l’ Ecomog (Ecowas Monitoring Group, force d’interposition de la Cedeao, ndlr). Il y a une obligation de la sous-région de venir soutenir la Côte d’Ivoire, cette position est très claire « , a martelé le diplomate sénégalais.
Lire notre dossier spécial.