Au moment où se tenait le premier » vrai » conseil des ministres du gouvernement de réconciliation de Côte d’Ivoire, à Abidjan, avec neuf représentants des Forces nouvelles, les combats s’intensifiaient dans l’ouest du pays entre troupes loyalistes et rebelles. Une situation singulière dans ce pays où le gouvernement a été formé avant que la paix ait été consacrée.
Jamais la situation en Côte d’Ivoire ne semble avoir été aussi trouble que ces derniers jours. Le 17 avril dernier se tenait le premier » vrai » conseil des ministres du gouvernement de réconciliation de Côte d’Ivoire, selon le communiqué qui a sanctionné la réunion. Neuf ministres rebelles regroupés au sein des Forces nouvelles ont fait le voyage jusqu’à Abidjan, véritable siège du pouvoir. De quoi justifier » l’optimisme » du président Laurent Gbagbo » quant au retour à la paix « . Pourtant, au moment où le conseil des ministres invitait » tous les acteurs à cesser immédiatement tout acte de belligérance et à s’engager de manière résolue et irrévocable dans la voie de la paix « , les combats s’intensifiaient dans l’ouest du pays.
Entre les démentis du Mouvement populaire de Côte d’Ivoire (MPCI) quant à sa participation aux combats, les dénégations des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (Fanci) concernant l’utilisation d’hélicoptères de combats MI 24 et les déclarations triomphales du Mouvement populaire ivoirien du grand ouest (Mpigo), rien ne paraît plus clair.
« Il faut la paix »
Jeudi dernier, selon l’AFP, les hélicoptères de combat des forces loyalistes ont bombardé la ville de Vavoua (centre-ouest), contrôlée par le MPCI, faisant un mort et une quarantaine de blessés. Des bombardements réfutés par les forces loyalistes mais confirmés par l’organisation non gouvernementale (ONG) Médecins du monde et condamnés par le général Emmanuel Beth, commandant de l’opération Licorne. A leur tour, samedi, les Fanci ont déclaré avoir été attaqués sur leurs positions de l’ouest par le Mpigo et le Mouvement pour la justice et la paix (MJP).
» Ce sont des bandes armées libériennes qui attaquent dans l’ouest, ce ne sont pas les rebelles « , continue à affirmer le MPCI, mis en cause dans des affrontements à Belleville. Au contraire, le Sergent Félix Doh s’enorgueillit d’avoir » repris deux villages « . » Nous en avons tué au moins 300 (loyalistes, ndlr) « , a-t-il déclaré à l’AFP. Avant d’expliquer que tout cela est » dommage, ces combats et ces tués, alors que nous participons au gouvernement de réconciliation. Il faut la paix dans ce pays « .
Opération quadripartite
C’est dans ce contexte que le général Emmanuel Beth a évoqué une opération quadripartite mêlant les Fanci, les mouvements rebelles et les forces ouest-africaine et françaises pour pacifier l’ouest ivoirien. » Cette démarche présuppose la concrétisation du processus politique en cours. Ensuite, il faudra effectivement une démarche quadripartite et si l’un des acteurs n’est pas présent, ça ne pourra pas fonctionner… la France ne suivra pas « , a prévenu le général Beth.
C’est également dans ce contexte que les quinze membres du Conseil national de sécurité (CNS), qui doit désigner les ministres de la Défense et de la Sécurité intérieure, se sont retrouvés mardi au Palais présidentiel, à Abidjan. Le président de la République, le Premier ministre, le représentant de chaque partie signataire des accords de Marcoussis, des Fanci, de la gendarmerie et de la police nationale se sont quittés après deux heures de discussions sans avoir trouvé de compromis. La réunion a été reportée au 28 avril prochain.