Des manifestants ont incendié, mardi, la sous préfecture de Vavoua, une localité située au Centre de la Côte d’Ivoire, pour protester contre les tentatives de manipulation des listes électorales par le Front Populaire ivoirien (FPI), le parti du président Laurent Gbagbo. Cet incident n’est pas un cas isolé, plusieurs autres analogues se sont produits dans d’autres parties de la Côte d’Ivoire. Une situation jugée préoccupante par Sidiki Konaté, le porte-parole des Forces Nouvelles, qui évoque « les germes d’une guerre civile ».
La tension est montée d’un cran en Côte d’Ivoire. Des milliers de manifestants ont incendié mardi la sous préfecture de Vavoua, une ville située au centre du pays, dans la zone administrée par les ex-rebelles des Forces nouvelles. Ils ont également tenté de mettre le feu à la mairie, mais ils en ont été empêchés par l’intervention des forces de sécurité locales, qui ont tiré en l’air pour les disperser.
Les émeutiers protestaient contre la convocation au tribunal de Daloa (localité voisine de Vavoua) de 333 personnes, accusées par le Front Populaire ivoirien (FPI), le parti du président Laurent Gbabgo, d’inscription frauduleuse sur la liste électorale. Pour Moussa Koné, le président du mouvement local de jeunesse du Rassemblement des républicains (RDR, opposition), ce bâtiment aurait été incendié par « des éléments infiltrés par le sous-préfet lui-même pour saboter (la) marche ».
« Le Rwanda se prépare en Côte d’Ivoire »
La semaine dernière, plusieurs incidents analogues se sont produits dans plusieurs villes du pays, notamment à Divo, Katiola et Man. Sur saisine des partisans du président Laurent Gbagbo, les tribunaux de ces localités avaient prononcé les radiations de la liste électorale pour fraude sur la nationalité ivoirienne de personnes essentiellement originaires au nord du pays.
Une situation qui inquiète le porte-parole des Forces nouvelles. Sidiki Konaté craint que « le Rwanda se prépare en Côte d’Ivoire ». « Vous avez dans les localités un réel péril sur la coexistence pacifique, des communautés qui se regardent en chien de faïence, prête à attaquer. Ce sont là les germes d’une guerre civile. Chacun prépare déjà sa munition. Qui pour une machette. Qui pour un couteau », a-t-il expliqué, lundi, au lendemain d’un conclave des instances des Forces nouvelles, tenu dans leur fief à Bouaké, au centre du pays.
Selon lui, « les dénonciations abusives » ainsi que « l’instrumentalisation des chefs de villages » par les membres du FPI pour connaitre la liste des noms des présumés « non-Ivoiriens », aurait créé une atmosphère de « suspicion, de délation entre les communautés ». « Il faut attirer l’attention de tout le monde, de tous les partenaires sociaux nationaux et internationaux sur ce danger », a conclu Sidiki Konaté.
La douloureuse question de l’ « ivoirité »
La semaine dernière, les Nations unies avaient lancé des appels au calme après la vague d’incidents avait déferlé sur le pays. Selon certains observateurs, ces manœuvres de suppression de noms sur la liste électorale, seraient un moyen pour le pouvoir de repousser aux calendes grecques l’épreuve des urnes, prévue pour mars 2010.
L’opposition, qui accuse le FPI de saisir des tribunaux pour « opérer des radiations arbitraires, partisanes et illégales », craint une crise politico-militaire, semblable à celle de 2002. Laurent Gbagbo, en jouant la carte de l’ « ivoirité », pourrait agiter sans le savoir le drapeau rouge.
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