La coordonnatrice de l’ONU sommée de quitter le Niger sous 72 heures


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Louise Aubin
Louise Aubin

La coordonnatrice du système des Nations Unies au Niger n’est plus désirée dans le pays. La junte ordonne à Louise Aubin de quitter le pays dans un délai de 72 heures.

Dans un communiqué en date du mardi 10 octobre 2023, le régime nigérien somme la coordonnatrice du système des Nations Unies au Niger de quitter le pays sous 72 heures. Une décision en lien avec le refus de l’ONU d’admettre le représentant du pays à l’Assemblée générale des Nations Unies.

La junte accuse l’ONU

«Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et le Gouvernement du Niger ont noté avec stupéfaction, les manœuvres sournoises que le Secrétariat Général des Nations Unies continue d’orchestrer, sous l’instigation de la France, à travers toutes les entraves déjà posées en vue de contrarier la participation pleine et entière du Niger aux différentes séquences des réunions de la 78e Session de l’Assemblée Générale de l’ONU», lit-on dans la note adressée au Secrétaire général de l’ONU.

Et de poursuivre : «Ce sabotage commandité s’est poursuivi à l’occasion de la Conférence Générale de l’AIEA, du 25 au 29 Septembre 2023, à Vienne et au 4ème Congrès extraordinaire de l’Union Postale Universelle (UPU) du 1 au 5 octobre 2023, à Riyad (Royaume d’Arabie Saoudite)».

Avant de conclure : « Au regard de ce qui précède et face à la volonté du Secrétaire Général de nuire au Niger et à son peuple, le Gouvernement décide d’ordonner à l’Ambassadeur, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies, Son Excellence Madame Louise Aubin de prendre toutes les dispositions utiles pour quitter Niamey sous soixante-douze heures (72h)».

Louise Aubin, second diplomate expulsé

Cette expulsion intervient dans un contexte marqué par le retrait des militaires du Niger et la suspension de l’aide américaine. Notons qu’après l’ambassadeur de France Sylvain Itté, Louise Aubin est le second diplomate expulsé du Niger, depuis le putsch du 26 juillet. Au diplomate français, la junte reprochait un «refus de répondre à l’invitation du ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’Extérieur, pour un entretien le vendredi 25 août 2023 à 10h30».

Le départ de Sylvain Itté avait donné lieu à un bras de fer entre Paris et Niamey. Dans un premier temps, Paris avait déclaré qu’il ne respectera pas cette décision provenant d’autorités dont il ne reconnaît pas la légitimité. «La France et les diplomates ont été confrontés, ces derniers mois, à des situations dans certains pays particulièrement difficiles. Que ce soit au Soudan où la France a été exemplaire, au Niger en ce moment même», avait déploré le Président français.

Sylvain Itté le Niger

Par la suite, Emmanuel Macron enfonçait : «Au Niger, au moment où je vous parle, nous avons un ambassadeur et des membres diplomatiques qui sont pris en otage, littéralement, à l’ambassade de France… On empêche de livrer la nourriture. Il mange avec des rations militaires… Sylvain Itté n’a plus la possibilité de sortir. Il est persona non grata et on refuse qu’il puisse s’alimenter… Je ferai ce que nous conviendrons avec le Président Bazoum parce que c’est lui l’autorité légitime et je lui parle chaque jour».

Il aura fallu attendre le mercredi 27 septembre pour que Paris accède, enfin, à la requête de Niamey. «L’ex-ambassadeur a quitté Niamey, cette nuit, aux environs de 04h (3hGMT) par un vol spécial. Un journaliste militaire a été autorisé de filmer le départ de l’ex-ambassadeur… Les images seront diffusées bientôt pour montrer aux Nigériens un des résultats de leur lutte pour la souveraineté de leur pays», avait indiqué Maikoul Zodi, président du Front pour la sauvegarde de la Patrie (FSP).

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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