Un rapport paru ce jeudi accuse la communauté internationale de ne pas suffisamment soutenir la force de l’ONU et de l’Union Africaine au Darfour (Soudan). La mission de maintien de la paix doit justement prendre fin ce jeudi mais elle pourrait bien être prolongée si plusieurs pays consentent à mieux l’équiper.
« La trahison de la Minuad par la communauté internationale ». Le rapport rédigé par Thomas Withington tire la sonnette d’alarme sur le manque de moyens octroyés à la mission hybride Nations Unies-Union Africaine au Darfour (Minuad). Soutenu par 36 organisations humanitaires et des droits de l’Homme, ce spécialiste de l’aviation militaire et de la défense démontre qu’une plus grande implication dans le maintien de la paix dans cette province occidentale du Soudan permettrait de mieux protéger les civils, confrontés à une guerre qui dure depuis 5 ans.
Pénurie d’hélicoptères et de soldats
D’après le rapport, le manque d’équipements et de moyens humains est le principal talon d’Achille de la Minuad. Un problème qui pourrait être aisément résolu, selon Thomas Withington. Il dénonce en effet le fait que près 70 hélicoptères sont inutilisés et « prennent la poussière dans des hangars », notamment en Ukraine, en Espagne, en République tchèque, en Inde, en Roumanie ou en Italie. Or, seuls 18 hélicoptères suffiraient à la Minuad pour réaliser sa mission.
En outre, sur les 26 000 soldats initialement prévus dans la force mixte, un tiers seulement a été envoyé sur place. Un manque d’effectifs qui empêche la Minuad de mener à bien ses actions de secours et de renfort. Ainsi affaiblie, elle a été, ces six derniers mois, la cible d’attaques meurtrières. La dernière, le 8 juillet, a coûté la vie à sept casques bleus.
Accepter l’échec…
Ce rapport sort alors que le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit se réunir ce jeudi pour décider de l’avenir de la Minuad. Créée en juillet 2007 et en poste depuis le 31 décembre dernier, celle-ci n’avait qu’un mandat de six mois. La Grande-Bretagne vient de proposer de le prolonger pour un an.
Certains observateurs sont très sceptiques et estiment que les perspectives de paix au Darfour s’éloignent de plus en plus. Selon eux, le manque de moyens n’est qu’un problème parmi d’autres handicaps plus sévères : la mosaïque de factions et de groupes rebelles qui s’affrontent et sont prêts à se retourner les uns contre les autres, ou encore la politique du Soudan, hostile à une présence étrangère sur son sol.
…ou prolonger l’action
Pour d’autres, en revanche, l’échec momentané de la Minuad n’est pas une fatalité. Pour exemple, l’introduction du rapport de Thomas Withington – cosignée par l’épouse de Nelson Mandela Graca Machel, le Prix Nobel de la paix Desmond Tutu, l’ancien président des Etats-Unis Jimmy Carter et l’ex-envoyé spécial de l’ONU pour le Soudan Lakhdar Brahimi – stipule que la Minuad est indispensable « pour aider à stabiliser la situation et passer à un contexte où un véritable processus de paix est viable ». Et des partisans de la force hybride de souligner que la Mission est tout de même parvenue, avec de faibles moyens, à maintenir une certaine sécurité pour les civils.
Le but des pro-Minuad est donc d’encourager la communauté internationale à s’impliquer davantage, plutôt que de déclarer forfait et de se retirer du Darfour. Un avis que partage Thomas Withington, qui prévient : « Si l’on permet à la Minuad d’échouer, cela affectera tous les efforts de la communauté internationale et retardera toute perspective de paix pour plusieurs années ».
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