Des soldats mutins ont attaqué la résidence du président de la Guinée-Bissau, le général Joao Bernardo Vieira, dans la nuit de samedi à dimanche. Ils ont livré une bataille de trois heures aux forces de sécurité. Ils ont été repoussés sans avoir pu renverser le chef de l’Etat. L’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Portugal et la France, entre autres, condamnent l’attaque. La Guinée-Bissau a déjà connu trois coups d’Etat depuis 1980.
Avec Panapress
La tentative de coup d’Etat menée en Guinée-Bissau par des soldats mutins dans la nuit de samedi à dimanche a fait un mort et plusieurs blessés parmi les membres de la garde présidentielle. Les agresseurs n’ont toutefois pu accéder à la pièce où le président Joao Bernardo « Nino » Vieira s’était retranché avec son épouse.
Sept des assaillants ont été arrêtés, d’autres ont pris la fuite en emportant des armes, dont des lance-roquettes, et un neveu de l’ancien chef d’Etat Kumba Yala est activement recherché. Ce dernier est présenté par l’état-major comme le cerveau de l’opération.
Le gouvernement portugais a, dans un communiqué diffusé lundi, condamné l’attaque et manifesté sa volonté de voir les responsables de l’attentat rapidement traduits en justice. L’ambassadeur de France en Guinée-Bissau, Jean François Paraut, a affirmé dimanche à la presse qu’il s’est rendu à la résidence du président de la République pour lui faire part de l’appui, de la confiance et du soutien de ses partenaires internationaux, de la France en particulier et aussi des pays européens. « L’ambassadeur de France, le président en exercice de l’Union européenne comme l’ensemble de la communauté internationale condamnent ce genre de crimes contre la démocratie », a souligné l’ambassadeur de France.
La CEDEAO et l’UA condamnent la tentative de coup d’Etat en Guinée-Bissau
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné lundi l’attaque perpétrée dans la nuit de samedi à dimanche contre la résidence du président bissau-guinéen, Joao Bernardo Vieira, par des soldats mutinés, et mis en garde contre toute tentative de s’emparer du pouvoir par des moyens anticonstitutionnels.
« C’est avec un sentiment profond d’indignation que la CEDEAO a reçu la nouvelle de l’attaque contre la résidence du président Joao Bernardo Vieira par une petite section de l’armée bissau-guinéenne aux premières heures du 23 novembre 2008 », indique un communiqué de la CEDEAO publié à Lagos.
« Il est encore plus regrettable que cette dernière tentative de déstabiliser le pays survient juste après l’organisation réussie d’élections législatives dans le cadre de la poursuite des efforts de la CEDEAO et de la communauté internationale de résoudre les problèmes politiques et économiques qui empêchent le développement de ce pays depuis si longtemps », ajoute la CEDEAO, réaffirmant son soutien au gouvernement démocratiquement élu.
Le président Vieira a qualifié cette attaque de tentative de renverser son gouvernement, mais a indiqué qu’elle avait échoué même si la situation restait précaire.
Dans une conversation téléphonique avec le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping, M. Vieira a déclaré que la situation nécessitait une surveillance et une attention étroite, selon un communiqué officiel de l’Union africaine (UA).
Le patron de l’UA, qui a mis sur pied dimanche une équipe d’experts à envoyer immédiatement en Guinée Bissau, a déclaré que l’époque des coups d’Etat était révolue en Afrique et s’est engagé à assurer que le continent ne permette pas un autre coup d’Etat dans ce pays.
Abdoulaye Wade souhaite la tenue « urgente » d’une conférence internationale sur la Guinée-Bissau
M. Ping a indiqué être en contact permanent avec le président Vieira, mais a demandé aux pays voisins, particulièrement au Sénégal, de surveiller sans relâche la situation sur le terrain et de prendre les mesures appropriées.
« Dans une correspondance adressée à son frère et ami, le président Vieira », le chef de l’Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, « a plaidé, à son niveau, pour la tenue urgente à Dakar d’une conférence internationale sur la Guinée-Bissau », indique lundi le journal pro-gouvernemental Le Soleil. « Une telle conférence entre le président Vieira, la classe politique bissau-guinéenne et tous leurs amis et partenaires de la communauté internationale permettrait de diagnostiquer en profondeur tous les problèmes de ce pays frère, avec un accent particulier sur celui que posent les narcotrafiquants en vue d’y apporter des remèdes efficaces et durables », a ajouté le journal.
La Guinée-Bissau a organisé le 16 novembre des élections législatives dont le déroulement a été salué par les observateurs étrangers. Le PAIGC a remporté une victoire écrasante à ces élections en obtenant 67 des 100 sièges du Parlement. « Ces élections, qui ont donné une forte majorité au PAIGC, ont été marquées par un taux de participation élevé, ce qui est un témoignage de l’attachement du peuple bissau-guinéen pour la démocratie », a déclaré M. Ping. Il a réaffirmé son « rejet total » de tout changement anticonstitutionnel de gouvernement et a condamné par avance, « toute tentative de s’emparer du pouvoir par la force ».
M. Ping a demandé à tous les acteurs politiques bissau-guinéens de s’inspirer de la tenue satisfaisante des élections législatives pour renforcer le processus de démocratisation de leur pays et de relever les nombreux défis qui s’y opposent.
Des partis bissau-guinéens condamnent l’attaque contre Vieira
Des partis politiques bissau-guinéens ont condamné l’attaque perpétrée dans la nuit de samedi à dimanche à Bissau contre la résidence du président Joao Bernardo Vieira par des soldats mutins.
Parmi ces partis figure le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée- Bissau et du Cap-Vert(PAIGC) qui a exprimé sa solidarité au président Vieira. «Etant un parti qui défend la légalité, la démocratie et le dialogue et non la violence, le PAIGC lance un appel aux autorités compétentes afin que les auteurs de tels actes odieux soient traduits en justice pour éviter l’installation de l’impunité dans le pays», a déclaré la direction du parti.
Dans un communiqué, l’Alliance des forces patriotiques (AFP) «condamne ce genre d’acte odieux qui est contraire à la démocratie et à l’Etat de droit». «Nous exprimons toute notre solidarité au président Nino Vieira en ces instants de consternation», ajoute l’AFP.
De son côté, le Parti de la mouvance présidentielle (PRID) estime que «seule la restauration d’un Etat fort pourra mettre fin à de tels actes».
Depuis l’attaque du week-end dernier, la situation semble s’être stabilisée en Guinée-Bissau. Cependant, de nombreuses questions demeurent quant aux commanditaires du coup d’Etat et aux raisons profondes de l’opération.