Le schéma de circulation urbaine d’Abidjan est en train de s’effondrer dans un assourdissant feu d’artifice tricolore. En cause : la pluie, mais surtout le vide des caisses de l’Etat.
Du vert au rouge en passant par l’orange, la valse erratique des couleurs donne de plus en plus le tournis aux Abidjanais contraints de s’insérer dans la circulation urbaine. Les feux tricolores, nous apprend Fraternité-Matin, fonctionnent en dépit du bon sens depuis quelques semaines et rendent fous conducteurs et piétons.
Dans son article, Dua Kouadio décrit une situation non seulement éprouvante pour les nerfs et les oreilles – à cause des coups de klaxon -, mais encore terriblement dangereuse, en particulier aux carrefours. Les nombreux accidents, à leur tour, n’arrangent rien aux bouchons. Plus nombreux encore, les noms d’oiseau volent bas à l’intention des malheureux piétons qui osent s’aventurer sur la chaussée.
Joint par téléphone, notre confrère a précisé les raisons de l’aggravation récente : » Les pluies que nous avons subies il y a deux semaines ont complètement chamboulé le système électronique des feux tricolores, qui n’avait vraiment pas besoin de cela. « Désorganisées parce qu’insuffisamment entretenues, les infrastructures ont, en quelque sorte, subi le coup de grâce sous la forme du déluge printanier.
Le prix de la paix : un milliard de francs CFA
L’Etat est, en principe, chargé de l’entretien des feux. Il délègue cette responsabilité à des sociétés privées en leur assignant des objectifs de rendement précis. Mais pour comble de malchance, la faillite de la SEREL, l’entreprise qui fabrique les pièces de rechange, est arrivée en même temps que la pluie. Un prestataire de remplacement est en vue, mais » malheureusement, il n’y a pas d’argent pour le payer « , explique Dua Kouadio.
L’indigence de l’Etat n’est sans doute pas étrangère aux déboires de la SEREL. La directrice de l’équipement public a déjà demandé rendez-vous au nouveau ministre des Transports pour plaider la cause de la circulation abidjanaise. Il faudra un milliard de francs CFA pour installer des feux tricolores à nouveau efficaces. Les rues de la capitale économique n’ont pas fini de retentir de coups de klaxon désespérés.