Une étude réalisée en Ouganda a abouti aux même conclusions que les précédentes faites au Kenya et en Afrique du Sud, qui avaient constaté que la circoncision masculine pourrait servir d’instrument dans la lutte contre l’infection au VIH/SIDA.
Se fondant sur les premiers résultats de l’étude portant sur 4.996 volontaires ougandais séronégatifs de sexe masculin, âgés de 15 à 49 ans, qui avaient accepté de se faire circoncire, les scientifiques ont fait part de leur optimisme quant aux possibilités, pour cette pratique, de constituer une avancée majeure dans la prévention du VIH en Afrique et dans le reste du monde.
« La circoncision masculine est le première nouvelle méthode de prévention du VIH d’une efficacité avérée à avoir été découverte depuis plus de dix ans et qui permet de réduire de 50 pour cent le risque d’infection par le VIH », a déclaré le docteur Godfrey Kigozi, médecin et auteur de l’étude qui a duré trois ans (août 2003-décembre 2006).
« Si les essais démontrent la réelle efficacité de la méthode, cela aura de profondes implications sur la prévention du VIH, étant donné qu’une procédure chirurgicale unique peut réduire, pour la vie, le risque d’infection par le VIH pour l’homme et pour son partenaire sexuel », a-t-il affirmé, lors de l’annonce des conclusions de l’étude, au siège du Programme des Sciences de la Santé, dans le district Rakai, à plus de 160 kilomètres au sud- ouest de la capitale ougandaise, Kampala.
« Cette intervention pourrait se révéler très économique, étant donné que le coût initial de l’opération pourrait être compensé par les avantages de la prévention à long terme de la maladie, sans dépenses récurrentes », a déclaré le Dr Kigozi.
« Le prépuce renferme des cellules hautement vulnérables à l’infection au VIH. Il est également vulnérable aux déchirures et aux plaies, qui sont des points d’entrée du VIH. Cependant, une fois le prépuce retiré (circoncision), le risque d’infection est réduit de moitié ».
« Dès guérison de la cicatrice chirurgicale, la nouvelle peau est couverte par un fil protecteur, la ‘kératine’, qui est moins vulnérable à l’infection à VIH et aux autres Maladies sexuellement transmises », a encore expliqué Dr Kigozi.
La circoncision n’est pas une panacée
Toutefois, il a averti que « les hommes qui ont des pratiques sexuelles dangereuses s’exposent à un rythme d’infection élevé par le SIDA, qu’ils soient circoncis ou pas ».
L’étude, baptisée « Essai de Rakai sur la Circoncision masculine » et menée en partenariat avec la grande université ougandaise de Makarere, l’Université John Hopkins (Etats-Unis) et l’Université Columbia, prévient que la « circoncision n’est pas une méthode curative ».
« Il est important de noter que la circoncision masculine n’est pas une panacée », a mis en garde le docteur Ron Gray, l’un des scientifiques ayant participé à l’étude, focalisée sur des volontaires choisis de manière aléatoire et scindés en deux groupes de 2.500 chacun, l’un circoncis en 2003 et l’autre deux ans plus tard.
« Nous avons constaté qu’elle offre une protection partielle, mais elle ne saurait constituer une protection sûre, même s’il est probable qu’elle dure toute la vie », a-t-il déclaré à la presse.
Selon le Professeur David Serwadda, coordinateur de l’étude ougandaise, l’exercice avait semblé, au début, donner des résultats négatifs, ce qui risquait de décourager les éventuels candidats à la circoncision masculine, mais la menace s’était par la suite estompée.
« La circoncision n’a pas réduit l’infection par le VIH au cours des six premiers mois, mais elle était devenue progressivement plus protectrice par la suite et cette tendance n’a pas encore connu de recul », a affirmé le profeseur Serwadda, s’adressant à la presse.
Il a ensuite révélé que l’étude a connu quelques insuffisances, certains volontaires infectés au cours du processus affirmant que « ceux qui sont devenus séropositifs au cours des essais ont accès aux soins de santé primaires et au traitement antirétroviral. »
Selon Dr Maria Wawer de l’Université John Hopkins, « les études basées sur l’observation ne sont pas concluantes car les comportements à risque et autres caractéristiques diffèrent entre hommes circoncis ou non circoncis ».
« Par exemple, dans le district de Rakai, la plupart des hommes circoncis sont de confession musulmane et la faiblesse de leur taux d’infection pourrait être dûe à des pratiques culturelles telles que l’abstinence et la toilette consécutive à des relations sexuelles ».
« Par conséquent, les essais cliniques sur la circoncision masculine sont nécessaires pour faire l’évaluation du potentiel de la circoncision masculine comme moyen de prévention du VIH avant que les politiques ou programmes ne puissent être mis en œuvre », a-t-elle indiqué.
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