Cheikh Tall Dioum, symbole de la réussite au Sénégal, passe ce vendredi sa deuxième nuit en prison. Longtemps porte-drapeau du manager nouvelle génération, le golden boy est rattrapé par les affaires. Les services de douanes l’accusent de fraude douanière. Portrait.
678.000.000 FCFA (1 073 961 Euro). C’est ce que réclame la douane à Cheikh Tall Dioum. Il est accusé de fraude douanière. Les Sénégalais garderont longtemps en tête l’image de Cheikh Tall Dioum, avec son costume gris de marque et son sourire, montant dans le véhicule qui l’a emmené à la maison d’arrêt de Rebeuss. C’est tout un symbole qui tombe. Se définissant lui-même comme un golden boy, l’entrepreneur, qui a été propulsé par l’ancien président sénégalais Abdou Diouf au devant de la scène, pèse lourd dans l’économie locale. » Je n’ai pas fait d’études, on est homme d’affaires dans ma famille « , aime à répéter l’ancien bijoutier autodidacte.
De la brasserie aux médias
L’ascension de Cheikh Tall Dioum est vertigineuse. De sa bijouterie, il a lancé une société de fabrication de boissons non alcoolisées, les Nouvelles brasseries africaines. C’est en présence de l’ancien président qu’il avait inauguré son entreprise en novembre 1994. Coût de l’opération : 2,4 milliards de francs CFA, dont 85% en fonds propres et 15 % prêtés par le Fonds de promotion économique. Dans la foulée, il crée 500 emplois. Le Sénégal découvre son » Bernard Tapie « . Polygame, l’enfant de Dakar multiplie les créations d’entreprises. Alimentation, culture, bijouterie,…l’appétit du golden boy est insatiable.
Magnat de la presse. A partir de 1997, il se lance dans les médias. Du people, cela rapporte plus. Plus les autres journaux l’attaquent pour la mauvaise qualité de ses publications sensation, plus ses ventes augmentent. Il crée » Com 7 « , un groupe de presse qui édite trois quotidiens et est responsable, avec la star de la chanson Youssou Ndour, de la radio » 7 FM « . Insatisfait, il prend la direction du groupe » Presse des Almadies » éditeur des quotidiens La Pointe et Volcan et l’hebdomadaire Terminal. Un groupe dont les principales actionnaires sont ses deux épouses.
Le sucre était amer
Pour devenir le plus grand magnat de la presse sénégalaise, Cheikh Tall Dioum, a dû vendre les Nouvelles brasseries africaines pour la modique somme de 500 millions de francs CFA. L’homme qui contrôle cinq quotidiens (Info7, Tract, Le Populaire, La Pointe et Le Volcan), deux hebdomadaires (Lion et Terminal), et la radio FM, 7FM, est rattrapé par le passé des Nouvelles brasseries africaines. La douane lui reproche d’avoir importé frauduleusement du sucre. Il aurait mis en vente le sucre qui devait, selon la loi, être utilisé dans ses usines, raflant au passage les taxes douanières. Ce produit imposé était faiblement taxé pour les entreprises.
Cheikh Tall Dioum a choisi de plaider l’innocence, réfutant toute implication dans cette affaire. A suivre.