Selon un rapport d’Amnesty International, la Chine serait devenu l’un des principaux exportateurs d’armes vers les pays africains en conflit comme le Soudan ou la République démocratique du Congo (RDC). Elle serait également impliquée dans le commerce illicite de plus en plus important de pistolets en Afrique du Sud.
Un rapport d’Amnesty International, rendu public dimanche 11 juin, accuse la Chine d’exporter des armes vers les pays en conflit, notamment en Afrique. Alors que cette dernière qualifie son approche sur l’attribution de licences d’exportation d’armes de « prudente et responsable », le rapport démontre le contraire. « La Chine est en train de devenir l’un des exportateurs d’armes les plus importants, les plus opaques et les plus irresponsables », peut-on lire sur le site de l’organisation. Ce rapport révèle à travers quelques exemples comment « les armes chinoises ont contribué à entretenir des conflits brutaux et une violence criminelle » dans certains pays d’Afrique, tels que le Soudan, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Afrique du Sud.
Plus de 200 camions militaires chinois ont ainsi été envoyés au Soudan en août 2005 malgré l’embargo américain sur les ventes d’armes à destination de ce pays. Ces véhicules ont ensuite été impliqués dans des actes d’homicides et d’enlèvements de civils au Darfour. Il indique également que la Chine serait en grande partie responsable de l’augmentation des ventes illicites de pistolets dans des pays comme l’Afrique du Sud, où ces armes sont souvent utilisées pour commettre des vols, des viols et des actes de délinquance.
Selon l’organisation de défense de droits humains, les autorités chinoises ont exporté en grande quantité, ces quinze dernières années, des armes légères vers la région des Grands Lacs, sans tenir compte des graves violations des droits de l’Homme qui s’y déroulaient. Ainsi, en novembre 2005, suite aux recherches menées sur 1 100 armes récupérées à Bunia, en Ituri, par la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc), il a été démontré que 17% d’entre elles étaient des copies chinoises de fusils d’assaut.
« Ces livraisons sont absolument contraire au droit international, qui interdit de fournir des armes aux pays se trouvant en conflit comme la RDC », signale Philippe Hensmans, le directeur de la section belge d’Amnesty International. « Pendant que la communauté internationale, et la Belgique en première ligne, essayent de rétablir la paix et d’aider à la reconstruction du Congo, la Chine de son côté jette de l’huile sur le feu. »
Un commerce discret et lucratif
La vente d’armes vers l’étranger rapporte tous les ans plus d’un milliard de dollars à la Chine. Il s’agit surtout d’échanges d’armements contre les matières premières destinées à alimenter la croissance économique du pays. Ce commerce reste cependant très discret. « La Chine apparaît comme l’un des pays les plus secrets et irresponsables en matière d’exportations d’armes », dénonce le rapport d’Amnesty. Le pays ne publie jamais aucune information sur ses transferts d’armements à l’étranger et n’a jamais soumis aucune donnée au Registre des armes classiques des Nations unies durant ces huit dernières années.
« Il est grand temps que la Chine, exportateur d’armes important et membre permanent du Conseil des Nations unies, se soumette à ses obligations au regard du droit international », souligne Amnesty International. « Les autorités chinoises doivent instaurer des lois et des règlements interdisant tout transfert d’armes pouvant servir à perpétrer des graves atteintes aux droits humains ou bafouer le droit international humanitaire ».
La Chine est, selon l’organisation, la seule grande puissance à exporter encore des armes sans avoir signé aucun des accords multilatéraux. Elle demande donc aux autorités chinoises, « de ratifier de tout urgence le traité international sur le commerce des armes afin de mettre un terme à la prolifération d’armes dans les pays déjà en situation de conflit, et de présenter un rapport annuel et public de toutes les licences d’exportation d’armes accordées, ainsi que les livraisons, et d’apporter son soutien à un Traité international sur les armes ». Reste à savoir si la Chine est prête à accepter toutes ces propositions. Elle a déjà dans le passé nié se livrer à ce type de commerce, et affirmé qu’elle respectait les règlements internationaux sur le commerce des armes.