Le gouvernement botswanais a décidé de couper l’eau aux Bushmen de la réserve du Kalahari. Une décision qui risquerait de faire disparaître définitivement cette population persécutée depuis plus de 15 ans par les autorités. Ces dernières cherchent à chasser les Bushmen des terres qu’ils occupent depuis 20 000 ans.
» Les plans du gouvernement pour anéantir les Bushmen « , titre cette semaine le journal botswanais The Reporter. En effet, la pression qu’exerce le gouvernement du Botswana sur les populations bushmen de la réserve du Kalahari (centre ) semble être montée d’un cran. Selon l’ONG Survival International, basée à Londres, le gouvernement du pays aurait décidé de suspendre tous les services d’assistance dans la réserve, comme l’aide médicale et l’approvisionnement en eau. » Survival International a envoyé plusieurs missions d’enquête sur place et elle est en contact quasi-quotidien avec » First People of the Kalahari « , seule association représentant les Bushmen et gérée par eux « , exlique Jean-Patrick Razon, directeur de Survival France.
Les dernières nouvelles en direct de la réserve de Kalahari ne sont guère réjouissantes : » Selon nos informateurs sur place, des militaires s’adonnent à des actes d’intimidation et les Bushmen se cachent pour éviter d’être chassés de leur territoire « , indique Jean-Patrick Razon. Car si les autorités britanniques ont créé la réserve en 1960 pour protéger les terres bushmen de l’empiètement des fermiers blancs et bantous, l’attitude du gouvernement botswanais change radicalement dans les années 90.
» Créatures primitives «
En 1997, les Bushmen Khwe et Bakgalagadi sont expulsés et déportés à la lisière de la réserve. Ils vivent depuis dans des camps » terribles et misérables, dans lesquels les conditions de vie sont à l’opposé de la culture bushmen : empêchés de chasser ou d’effectuer la cueillette, ils sont réduits à l’état d’assistés, dépendant de l’aide alimentaire gouvernementale. » Voilà ce qui attend les Bushmen Gana et Gwi qui vivent – ou plutôt survivent – dans la réserve.
» Les Bushmen sont totalement discriminés au sein de la population botswanaise « , souligne Jean-Patrick Razon. » Les Blancs comme les Bantous les traitent d’arriérés mentaux. » Dernièrement un haut fonctionnaire les a qualifié de » créatures primitives » vivant encore » à l’âge de pierre « . Sur les 100 000 Bushmen qui ont survécu à la colonisation, 50 000 vivent actuellement au Botswana. Premiers habitants de l’Afrique méridionale qu’ils occupent depuis plus de 20 000 ans, ils sont aujourd’hui victimes du racisme et de la cupidité du gouvernement botswanais.
En effet, la réserve de Kalahari renfermerait des gisement de diamants, d’uranium, et représenterait une manne touristique importante. Devant le traitement injuste et cruel infligé à ces populations – tortures, maisons rasées au buldozer, déportation -, le directeur général de Survival International, Stephen Corry, utilise pour la première fois le terme de » crimes contre l’humanité « . » Depuis maintenant 16 ans, le gouvernement botswanais persécute sans relâche les Bushmen Gana et Gwi. Cette dernière mesure – l’arrêt de l’approvisionnement de l’eau – risque de les faire disparaître définitivement. Il est du devoir de la communauté internationale de s’interposer pour prévenir ce crime raciste contre l’humanité « , dit-il. C’est dans ce sens qu’une manifestation est prévue le mercredi 13 février dans les différentes villes d’Europe abritant une antenne de Survival.
Concert de soutien à Survival, en solidarité avec les Bushmen du Botswana, le 12 février 2002.
Aston Villa, Saïan Supa crew, Tryo, Axel Bauer et Sanseverino au Bataclan, 50 bd Voltaire, 75011. Prix des places : 25,30 euros.
Manifestation le mercredi 13 février de 12 à 14 heures devant le consulat du Botswana à Paris. 88, avenue d’Iéna, 75008 Paris.
Survival France
45, rue du Faubourg du Temple – 75010 Paris – 00 33 1 42 41 47 62