La chanson « Bnat Al-Jamiaa » au cœur de la controverse : menace sur les chanteurs marocain


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Un micro
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Au Maroc, la chanson « Bnat Al-Jamiaa » de Cheb Imran a provoqué un scandale et entraîné des divisions dans l’opinion publique. Une universitaire, membre du Conseil supérieur de l’éducation, a déposé plainte. Elle juge les paroles du chanteur offensantes pour l’image des étudiantes marocaines.

Le Maroc, pays riche de ses traditions culturelles, se trouve aujourd’hui au carrefour de la liberté d’expression et des normes sociales. Dernièrement, une chanson intitulée « Bnat Al-Jamiaa » (Les filles de l’université), interprétée par l’artiste Cheb Imran, a provoqué un scandale qui divise l’opinion publique marocaine. Cette chanson, qui circule sur les réseaux sociaux, a fait l’objet d’une plainte déposée par une universitaire, membre du Conseil supérieur de l’éducation, qui considère que les paroles de la chanson portent atteinte à l’image de la femme marocaine, et plus particulièrement à celle des étudiantes.

Une plainte qui soulève un débat

La plainte déposée auprès des autorités judiciaires par cette universitaire se base sur l’idée que la chanson de Cheb Imran dépeint négativement les étudiantes marocaines, qu’elle représente comme des femmes dévalorisées. La plaignante insiste sur le fait qu’il est primordial de préserver le respect dû à la femme marocaine, surtout dans un cadre aussi prestigieux que celui de l’université, qui doit être un lieu de formation et d’émancipation.

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Elle demande ainsi l’ouverture d’une enquête afin que l’auteur de la chanson soit jugé pour atteinte à l’image des étudiantes et à la dignité des femmes en général. Cette plainte est la preuve d’une tension de plus en plus palpable dans le pays entre les artistes et les autorités, mais aussi entre les différentes franges de la société marocaine, divisée sur ce qu’il convient de considérer comme acceptable dans l’expression artistique.

Une chanson polémique dans un contexte tendu

L’artiste Cheb Imran, installé en Europe, a publié la chanson « Bnat Al-Jamiaa » sur les réseaux sociaux, le mois dernier. Très vite, le morceau a suscité un vif débat. De nombreux internautes ont dénoncé ses paroles jugées inappropriées et souligné qu’elles véhiculent une image dégradante des jeunes étudiantes. Cependant, pour d’autres, il s’agit simplement d’une forme d’expression artistique qui ne doit pas être prise au sérieux.

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Le débat s’intensifie quand l’universitaire mentionnée dans la plainte appelle les associations de défense des droits des femmes et des étudiantes à prendre position. Elle souligne que la question n’est pas tant celle de la liberté d’expression, mais plutôt du respect dû à la femme marocaine. Le pays semble aujourd’hui à la croisée des chemins entre la liberté de création et la préservation de ses valeurs sociales.

Criminalisation de certaines œuvres musicales : un phénomène croissant

Ce n’est pas la première fois qu’une chanson marocaine attire l’attention des autorités judiciaires. En mai 2024, le rappeur Zoma Max, auteur de la chanson « 3amou.. 3amou rak wledti zine », a été arrêté après la diffusion de son morceau, jugé vulgaire et indécent. Le jeune artiste, originaire d’un quartier populaire de Fès, a expliqué qu’il cherchait avant tout à se faire connaître et à attirer l’attention sur les réseaux sociaux. Bien que son morceau ait fait polémique, il a connu un certain succès, notamment grâce à la viralité que lui ont conférée les plateformes numériques.

Zoma Max n’est cependant pas le seul à avoir été inquiété par la justice marocaine. D’autres rappeurs, comme ceux derrière les chansons « tkabbi Atay » et « Char zidi kbi Hawaï », ont également été arrêtés. Ces chansons, accusées d’incitation à la débauche, de profanation des valeurs nationales ou encore d’offense à la famille royale, ont provoqué l’indignation de nombreuses autorités et une répression judiciaire sévère. Les rappeurs ont été poursuivis pour des motifs graves, allant de l’insulte à des institutions constitutionnelles à la diffusion de messages incitant à la violence et à la débauche.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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