La cascade de suicides inquiète au Sénégal


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Phénomène jadis inconnu de ce pays d’Afrique de l’Ouest, les suicides sont devenus récurrents au Sénégal où, durant la seule année 2021, près de cent personnes se sont données la mort. Suffisant pour tirer la sonnette d’alarme.

En une semaine, le Sénégal aura enregistré six cas de suicides. Pour la plupart, par pendaison. De tous les cas, aucune explication, les proches des victimes tentent de trouver les raisons de cet acte souvent inattendu de la part de ceux qui ont décidé de mettre fin à leurs jours. Si certains avaient donné des signaux, hélas non décryptés avant coup, d’autres mettent leurs proches face à… l’horreur. C’est le cas de cet homme qui, après avoir partagé le dîner en famille, s’est tranquillement retiré dans sa chambre, après avoir pris le soin de souhaiter bonne nuit à ses proches qui ne le reverront plus vivant. Ils auront en effet constaté sa mort, le lendemain, retrouvé pendu. Pour quelle raison ? Nul ne le saura. La Casamance (Sud du Sénégal) aura ainsi perdu un de ses fils.

Ce décès tragique intervient après tant d’autres, dont celui qui a frappé la ville de Thiès, plus précisément le quartier Thionakh Peulh, où une fille s’est jetée dans un puits profond d’une trentaine de mètres. A l’origine de son acte, une altercation avec son frère aîné au sujet d’un téléphone portable que la fille détenait et dont les origines étaient « douteuses ». En ce sens que ce téléphone n’avait pas été acheté par un membre de la famille. Payé par un homme « alors que la fille n’avait que 16 ans » ? Une question restée entière, puisque la fille s’en est allée emportant beaucoup de secrets. Beaucoup de mystère entourant sa mort. Mais le constat est là : les gens se suicident de plus en plus au Sénégal.

« La plupart des personnes qui se suicident traversent d’abord des moments difficiles. Cela peut être lié à une conjoncture précise, liée notamment à une hausse de prix qui entraîne une situation économique intenable. Cette situation est d’autant plus complexe que nous vivons dans une société où il semble que les gens semblent mettre en avant l’aspect financier. Dès lors, certaines personnes qui se retrouvent avec le « couteau à la gorge », se demandent s’ils doivent continuer à vivre cette pression sociale. Ce qui parfois les poussent à commettre l’irréparable », explique le sociologue Djiby Diakhaté, qui n’a pas manqué d’alerter les autorités sur la montée en flèche des prix des denrées de première nécessité, qui pourrait accentuer ce phénomène de suicide au Sénégal.

Pour sa part, Khalifa Diagne, psychologue, détaille que « souvent, ces suicides étonnent plus d’un, avec les proches qui soutiennent ne pas avoir vu les choses venir. Assez souvent, les gens présentent le défunt comme une personne normale, qui jouissait de toutes ses facultés. Ce qui n’est pas souvent le cas. Il se trouve que dans la plupart des cas, ces personnes qui se suicident émettent des signaux que ses proches ne peuvent pas percevoir. Il faut un spécialiste du comportement pour détecter ces troubles. Des troubles du comportement avant que la personne ne se suicide ».

Seulement, chacun ayant son lot de soucis, les gens ne s’aperçoivent pas souvent que le voisin, celui que nous avons en face de nous, traverse des difficultés. « Avant de se suicider, certains, par exemple, se montreront négligents dans l’accoutrement, faisant fi des règles élémentaires d’hygiène, de propriété alors que d’autres auront tendance à s’isoler. Ces comportements sont souvent le fruit de difficultés rencontrées dans la vie et qui poussent ces gens à commettre l’irréparable. Mais assez souvent, leurs proches pensent qu’ils supportent la situation pénible qu’ils traversent, ce qui n’est pas tout le temps le cas. Raison pour laquelle lorsque les gens se suicident, c’est la surprise générale », poursuit Khalifa Diagne.

Surprise générale. Étonnement général. Mais aussi et surtout inquiétude dans un pays où le suicide ne faisait pas partie du lot quotidien de nouvelles qui défrayaient la chronique. Durant la seule année 2021, un total de 90 suicides a été recensé au Sénégal. Une situation nouvelle qui interpelle les autorités de ce pays d’Afrique de l’Ouest où les populations n’ont pas la culture de consulter un psychologue.

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Journaliste pluridisciplinaire, je suis passionné de l’information en lien avec l’Afrique. D’où mon attachement à Afrik.com, premier site panafricain d’information en ligne
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