Un regain de violence frappe la Casamance, région du sud Sénégal, depuis le début du mois de mars. Alors que se sont engagées des discussions pour aboutir à un nouvel accord de paix, les dissensions entre les fractions indépendantistes s’accentuent.
Cinq morts, quatre blessés, magasins et hôtels pillés, banque dévalisée. L’attaque des rebelles casamançais, dans la nuit de lundi à mardi, contre la station touristique de Kafountine au Sénégal a été destructrice et meurtrière. Les quelques deux cents hommes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) ont fait monter d’un cran le niveau de violence dans la région..
Depuis le début du mois de mars, les attaques et les exactions se multiplient en Casamance. Le 5, trois personnes avaient déjà trouvé la mort lors d’une vague de pillages. Le 8, c’est un hôtel situé à 15 kilomètres de Kafountine qui est dévalisé. Le 15, quatre touristes britanniques sont détroussés dans une autre zone touristique de la région, tandis que samedi et dimanche derniers des attaques étaient lancées dans deux départements. Mais, l’attaque de mardi rappelle, par son intensité, les affrontements extrêmement meurtriers de l’année 1992. Année pendant laquelle plus de deux cents personnes ont trouvé la mort, notamment lors de l’attaque de la plus grande station balnéaire de Casamance.
Un mouvement indépendantiste divisé
L’auteur de ces attaques, le MFDC, se bat depuis 1982 pour l’indépendance de la Casamance. Enclavée par la Gambie, la région est dotée de bonnes terres agricoles, sources de richesse mais aussi de troubles. C’est, pour partie, l’arrivée de paysans wolofs, majoritaires dans le pays, à la recherche de terres cultivables, qui a modifié l’équilibre agraire et politique de la région, faisant naître un sentiment de dépossession chez les Casamançais. Au départ peu soutenue, la rébellion armée lancée par le MFDC a peu à peu rallié à sa cause la population, profitant des exactions commises par l’armée contre les civils.
Cependant, le mouvement sécessionniste est rongé par les divisions. Celles-ci sont à l’origine des attaques de ces derniers jours, chaque camp cherchant à marquer des points. Elles interviennent alors que plusieurs dirigeants du MFDC sont en ce moment réunis à Banjul, en Gambie, pour s’entretenir des futures négociations de paix avec le gouvernement sénégalais. Mais, le dirigeant historique du mouvement n’y participe pas. L’abbé Augustin Diamacoune Senghor, a choisi d’assister à la réunion du Collectif des cadres casamançais qui se tient dans le même temps à Dakar et propose l’instauration d’une Haute Autorité de la Casamance.
Les multiples fractions du MFDC sont donc en pleine lutte et la comparution mardi du numéro deux du mouvement, Mamadou Nkrumah Sané, devant une juge française chargée d’enquêter sur la disparition en Casamance de quatre français en 1995, ne fait qu’aggraver la situation. Face à la division des dirigeants indépendantistes, accaparés par leurs luttes intestines, la situation en Casamance risque bien de se dégrader encore davantage.