Le film italo-algérien La Bataille d’Alger a fait parler de lui dès sa sortie en 1966. Loué par les Algériens, longtemps interdit en France, il s’agit d’un riche témoignage sur la Guerre d’Algérie (1954-1962). Un film historique à ne pas manquer.
La bataille d’Alger oppose de janvier à mars 1957, la 10e division parachutiste de l’armée française aux combattants du Front de libération nationale (FLN). Bien plus qu’une « bataille », il s’agit du travail de démantèlement de l’organisation par l’armée. En effet, à la suite d’une vague d’attentats contre les « Pieds-Noirs » et la police, le général Massu, avec le soutien du pouvoir civil, décide d’écraser la résistance de la ville.
Les parachutistes utilisent les pires méthodes : tortures, assassinats, chantage, coups. L’opération est une réussite sur le plan militaire : l’armée française met à jour les caches d’armes du FLN, obtient l’organigramme de l’organisation et arrête ou tue de nombreux meneurs. Seulement, cette « sale guerre » contribue à pousser les Algériens vers le FLN et à choquer l’opinion métropolitaine. L’emploi de tels moyens par les envoyés de la République française, devient un véritable tabou. Un italien, Gillo Pontecorvo, va donc se charger de réaliser un film sur ces évènements, et le sortir en 1966. Il retrace principalement la résistance du leader « Ali la Pointe », chef du FLN dans la Casbah, face à la « pacification » du général Massu.
Une objectivité censurée ?
Lors de la présentation officielle du film La Bataille d’Alger au Festival de Venise de 1966, la délégation française boycotte la projection. Et pourtant, le film reçoit le Lion d’Or. Sous la pression des anciens combattants et des « rapatriés», il restera censuré en France jusqu’en octobre 2004, malgré quelques diffusions en 1970 et 1971 :
Gillo Pontecorvo a le mérite d’avoir cherché à briser les tabous sur la Guerre d’Algérie, mais a longtemps été considéré comme un polémiste, voire un idéologue. Or, plus le temps passe et plus les accusations de subjectivité s’éloignent. La question de la torture est certes abordée dans son film, mais sans jugement moral. Les soldats français ne sont pas présentés comme des monstres, plutôt comme des êtres froids et déterminés. Bien que plus soignée, l’image du FLN n’est pas non plus magnifiée.
Le film italo-algérien montre simplement que chaque camp se bat avec les moyens les plus efficaces dont il dispose, avec un grand souci de réalisme. Le film sera même projeté aux stagiaires à l’Ecole des Amériques, comme exemple de la lutte de type révolutionnaire. Il sert d’ailleurs toujours de référence de nos jours. En effet, Donald Rumsfeld, 21e secrétaire à la Défense des Etats-Unis, en déplacement en Irak en 2003, incitait les soldats à le visionner, a rapporté Le Monde. La Bataille d’Alger est vraiment un incontournable.
Lire aussi :
• La guerre d’Algérie envahit les écrans de Curiosphère.tv
• La tournée maghrébine de Rumsfeld
• Algérie : qui se souvient des « porteurs de valises » et des « pieds-rouges » ?