L’ONG Human Rights Watch révèle qu’au cours des dernières années, l’utilisation des armes incendiaires s’est intensifiée, mettant en péril les civils mais également l’environnement tant les composants de ces armes sont nocifs pour l’Homme et la nature, à court et à long terme.
Définies par la Convention de Genève de 1949 comme des armes ou munitions essentiellement conçues pour mettre le feu à des objets ou pour infliger des brûlures à des personnes par l’action des flammes et de la chaleur, par une réaction chimique d’une substance lancée sur la cible. Cette Convention interdit en toutes circonstances de faire de la population civile en tant que telle, de civils isolés ou biens de caractère civil l’objet d’une attaque au moyens d’armes incendiaires.
Pourtant non seulement le rapport de Human Rights Watch démontre une augmentation de l’utilisation de ces armes mais il a constate aussi que des populations civiles ont été touchées et prises pour cibles à chaque fois qu’une arme incendiaire a été utilisée au cours des derniers conflits dans le monde.
Le coût Humain exorbitant de l’utilisation des armes incendiaires
Le rapport de Human Right Watch intitulé « Beyond Burning : The Ripple Effects of Incendiary weapons ans Increasing calls for international action » coïncidait parfaitement avec la date où les États parties à la Convention sur certaines armes classiques (CCAC) étaient réunis du 13 au 15 novembre au siège européen des Nations-Unies à Genève pour leur réunion annuelle. « Les armes incendiaires sont utilisées dans plusieurs conflits, mettant en danger la vie et les moyens de subsistance des civils » a déclaré Bonnie Docherty, conseillère senior auprès de la division Armes à Human Rights Watch et auteure du rapport. L’examen de l’utilisation d’armes incendiaires dans les conflits armés démontre de vastes répercussions. Est notamment documentée l’utilisation par l’armée israélienne de phosphore blanc, composant d’armes incendiaires utilisées dans la bande de Gaza et au Liban depuis octobre 2023, soulevant de multiples préoccupations humanitaires.
Des blessures irréparables et souvent létales
Les armes incendiaires produisent de la chaleur et du feu par la réaction chimique d’une substance inflammable, infligeant des brûlures atroces qui pénètrent parfois jusqu’aux os, et peuvent causer des lésions respiratoires, des infections, des traumatismes et des défaillances organiques s’empirant avec le temps car les contractures (le resserrement permanent des muscles et d’autres tissus) entravent la mobilité, alors que le choc de l’attaque initiale, les traitements douloureux et les cicatrices, d’aspect changeant, engendrent par la même occasion des dommages psychologiques et l’exclusion sociale.
Les incendies causés par les armes incendiaires peuvent également détruire les structures et les biens des civils, détériorer leurs cultures et tuer leurs élevages ce qui va totalement à l’encontre des normes inscrites dans le protocole III de la CCAC qui se voit aujourd’hui en inadéquation avec ce qui se passe dans le monde actuellement.
L’inadéquation du protocole III de la Convention de Genève de 1949
Adopté en 1980, le protocole III de la CCAC vise à prévenir les effets nocifs des armes incendiaires en réglementant le recours à ces armes mais son efficacité en tant qu’instrument humanitaire est limité en raison de deux lacunes majeures dont la première est la définition faite des armes incendiaires, qui exclut certaines munitions polyvalentes causant indirectement des incendies, dont celles contenant du phosphore blanc. Une deuxième lacune est liée aux restrictions d’utilisation prévues dans le protocole qui sont moins contraignantes pour les armes incendiaires lancées depuis le sol, par rapport à celles larguées par aéronef, alors que les dommages causés sont semblables.
Le protocole III de la Convention présente donc de graves lacunes qu’il est important pour les pays signataires et préoccupés par cette situation alarmante de corriger à l’échelle internationale : il est question pour eux de mettre aux normes ou en adéquation le protocole qui régit l’utilisation de ces armes, qui ont été utilisées ces 15 dernières années, principalement cette année dans la bande de Gaza, au Liban, en Ukraine et en Syrie. L’action ou plutôt la réaction des États parties à la Convention était donc attendue lors de leur dernière réunion annuelle.
Ces réunions se tiennent à Genève et tous les 116 États parties à la Convention peuvent participer ainsi que tous les autres États. Depuis décembre 2021, 24 Etats, l’Union Européenne, le comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des ONG ont exprimé leurs préoccupations au sujet du recours aux armes incendiaires : presque tous les États qui se sont exprimés à ce sujet ont appelé à consacrer du temps, lors des réunions de la CCAC pour approfondir le sujet des armes incendiaires. Malheureusement la proposition suggérant que la présidence de la CCAC mène des consultations informelles sur la mise en application et l’universalisation du protocole III a toujours été rejetée par certains États en tête desquels on trouve la Russie, empêchant un consensus dans l’évolution des actions sur l’utilisation des armes incendiaires, car la CCAC fonctionne par consensus.
La continuité… de l’inaction internationale
La conférence d’examen de la CCAC qui s’est tenue dernièrement n’a donc pas consacré de période de temps particulière à la discussion du protocole III ou des armes incendiaires, répétant presque mot pour mot les termes du document final des précédentes conférences d’examen, marquant ainsi la continuité de l’inaction des États parties pour mieux régulariser l’utilisation des armes incendiaires, qui jusqu’à lors continuent de causer un exorbitant coût Humain, des dommages physiques et psychologiques à long terme, avec des difficultés de traitement probantes.
Pourquoi la communauté internationale n’enraye pas au plus vite cette barbarie ? Telle est la question dont aujourd’hui l’opinion publique mondiale devrait se saisir!