La femme est à l’étroit dans l’université sénégalaise. C’est le diagnostic fait par l’écrivaine Ndèye Marie Aïda Ndiéguene, autrice de « Un Lion en cage ». Elle partage la responsabilité des difficiles conditions universitaires de la femme entre les autorités universitaires et l’Etat.
On s’est, pendant des années, posé des questions sur le manque de représentativité des femmes en Licence, Master, Doctorat, Assistanat et Professorat à l’université et encore plus loin dans les instances de décision au Sénégal. C’est parce que l’université sénégalaise refuse, malgré leurs nombreuses filières en sociologie, philosophie et autres … de reconnaître le rôle social fondamental des femmes dans nos sociétés africaines et dans la société sénégalaise en particulier.
L’université sénégalaise vend un modèle de femme qui doit abandonner sa condition de femme pour réussir. Elle veut faire de nous des hommes ! Nous avons l’impression que nous devons devenir des hommes pour aller loin à l’université. L’université sénégalaise veut que les femmes sénégalaises ne puissent pas voir leurs enfants, s’en occuper. Elle ignore voire sanctionne les femmes qui souhaitent s’occuper de leur foyer. Elles sont ignorées lorsqu’elles se tordent de douleurs pendant leurs règles, les toilettes des facultés sont un nid à infections, on doit se traîner avec nos gros ventres à l’université. Je suis restée des journées sans m’approcher des toilettes de la faculté des Sciences qui me font peur. Elles sont lugubres, étroites et sales .
L’université sénégalaise marginalise les femmes !
S’il y a plus d’hommes que de femmes qui poursuivent plus longtemps leurs études à l’université, c’est parce que nous sommes littéralement et systématiquement« éliminées ». C’est le mot. L’université sénégalaise n’a aucune considération pour nous les femmes.
Les universités sénégalaises veulent littéralement que nous restions sans mari et sans enfants, sans foyers pour atteindre la Licence, le Master, le Doctorat, l’Assistanat ou le Professorat. Celle qui veut aller loin, doit abandonner toute idée d’avoir des enfants.
Aucun horaire aménagé, aucun dispositif de protection contre le harcèlement des jeunes filles, aucun dispositif pour les protéger des abus de tous genres. Aucun mouvement de femmes , aucune amicale qui parle de la condition de la femme en milieu universitaire ! Un recteur qui ne se déplace pas pour rencontrer les femmes ! Un État qui ferme les yeux, qui nomme des femmes ministres qui sont non représentatives de nous les femmes. Des femmes incapables de nous représenter mis à part l’organisation de « Khawaré » politiques. Une Assemblée nationale digne d’une jungle, où des femmes cassent d’autres femmes en raison de vêtements ! Aucun argument.
Il est impératif que les étudiantes aient :
– Une crèche dans chaque faculté
– Des serviettes hygiéniques disponibles tout le long de l’année
– Des toilettes propres
– Un comité de surveillance dans les facultés où elles pourront venir demander de l’aide en cas de discrimination.
Nous avons formé une association (il y a une semaine) qui compte à ce jour 120 femmes.
Par Ndèye Marie Aïda Ndiéguene