Kadhafi peut jubiler. L’Union africaine, chère au guide libyen, est née depuis lundi dernier. Et maintenant ? L’Union pourquoi faire ? Et surtout quelle Afrique ? Les plus sceptiques au sommet de Durban ironisent sur le gaspillage de millions de dollars pour enlever le « O » de l’OUA, Organisation de l’Union africaine. Pour eux, le retrait de la première lettre ne change rien au statut de l’organisation panafricaine. Un simple forum de discussion. On y fait de grands discours et on y tient des promesses historiques qu’on s’empresse d’oublier.
Comment faire du neuf avec du vieux ? La crise malgache a été le détonateur qui a fait exploser la belle unanimité de façade. Le président sénégalais, qui demandait la reconnaissance de Marc Ravalomanana comme président légitime de Madagascar, a eu des mots très sévères envers ses homologues. Comme le clan du Togolais Gnassingbé Eyadéma exigeait de nouvelles élections présidentielles avant de reconnaître le nouvel homme fort malgache, Abdoulaye Wade ironisait sur les nouvelles vertus démocratiques des « anciens putschistes » qui sont arrivés au pouvoir par les armes. Il leur a rappelé leur passé peu glorieux de dictateurs.
A l’applaudimètre, le guide libyen arrive en tête du peloton. Son discours sur une « démocratie spécifique non imposée par l’Occident » a trouvé un public acquis à sa cause. Un parterre de présidents regardant la démocratie comme un microbe dangereux, risquant de balayer les « régimes populaires ».
Alors, l’Union pourquoi faire ? Car si, à Durban, les chefs d’Etat ont signé pour une Union africaine œuvrant pour la démocratie et le développement dans le Continent, sur le terrain les choses risquent peu de changer. Il appartient aux nouveaux dirigeants de prouver le contraire !