Dans un communiqué de presse du Conseil de l’Union européenne publié le 17 juin 2019, l’UE lance un appel en faveur de la cessation immédiate de toutes les violences à l’encontre de la population soudanaise et de la mise en place effective d’une autorité de transition dirigée par des civils. L’UE a adopté la résolution suivante.
Au cours des six derniers mois, la population soudanaise, avec une forte participation des femmes et des jeunes, a clairement et courageusement revendiqué une nouvelle voie pour son pays, celle de la démocratie, du pluralisme politique, de la sécurité et de la prospérité. Cela représente une occasion historique pour le Soudan. Un Soudan pacifique, démocratique et prospère reste essentiel, notamment pour la paix et la stabilité de la région, et constitue une priorité pour l’Union européenne.
L’UE condamne fermement les violentes attaques perpétrées au Soudan le 3 juin 2019 qui ont fait de nombreux morts et blessés parmi les civils qui manifestaient pacifiquement, et elle condamne avec la même fermeté les violences sexuelles et sexistes. La responsabilité en incombe clairement au Conseil militaire de transition (CMT) en tant qu’autorité chargée de la protection de la population. Toutes les violations des droits de l’homme et les abus qui ont été commis doivent faire l’objet d’une enquête menée avec indépendance et transparence, et leurs auteurs doivent répondre de leurs actes.
L’UE appelle à la cessation immédiate de toutes les violences contre la population soudanaise, qui comprennent notamment des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires, des passages à tabac et des violences sexuelles et sexistes, des arrestations et des disparitions. Il est du devoir du CMT d’assurer la sécurité de tous au Soudan. Les membres des Forces pour la liberté et le changement et les autres civils qui ont été arrêtés et placés en détention au cours des événements récents doivent être immédiatement libérés. Les restrictions imposées à la liberté de réunion, à la liberté des médias, à l’espace dévolu à la société civile et à l’accès à l’internet doivent également être levées.
L’UE demeure profondément préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire au Soudan, et elle maintient son engagement d’aider à répondre aux besoins de la population. Il faut lever immédiatement les obstacles à une distribution de l’aide humanitaire en temps opportun, y compris à Khartoum. Des ressources humaines et matérielles doivent être apportées d’urgence afin de fournir une aide humanitaire à plus de 8 millions de personnes qui en ont besoin. Les attaques contre les hôpitaux, le personnel médical et les patients doivent cesser. Le respect du droit humanitaire international et la protection des civils doivent être assurés, ce qui suppose notamment un accès humanitaire sûr et sans entrave.
L’UE soutient l’appel de l’Union africaine (UA) en faveur de l’établissement d’une autorité civile de transition. À cette fin, l’UE invite le CMT et les Forces pour la liberté et le changement à reprendre immédiatement les négociations, sur la base des accords trouvés jusqu’à présent. L’UE appelle également le CMT à mettre en oeuvre les mesures de confiance nécessaires, ainsi que les Forces pour la liberté et le changement à y répondre en conséquence, et elle invite les deux parties à s’abstenir de toute action unilatérale.
L’UE soutient le rôle moteur de l’UA ainsi que les efforts de médiation apportés par l’envoyé spécial de l’UA pour aider à faire avancer le processus de transition politique, en coopération avec l’Ethiopie qui assure actuellement la présidence de l’IGAD. L’UE salue le rôle joué par l’Ethiopie pour faciliter la reprise des pourparlers. L’UE salue également la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA de suspendre la participation du Soudan à toutes les activités de l’UA jusqu’à la mise en place effective d’une autorité civile de transition, y compris l’annonce par l’UA que des mesures punitives seraient appliquées en cas d’obstruction à la transition en faveur d’une telle autorité. L’UE appelle par ailleurs les autres acteurs régionaux et internationaux à jouer un rôle constructif et coordonné pour soutenir le rôle moteur de l’UA sur cette base, et elle se tient à cet égard disposée à travailler avec d’autres partenaires internationaux.
Les aspirations du peuple soudanais ne peuvent être satisfaites que grâce à une transition ordonnée, pacifique, sans exclusive et menée par des civils qui fixe les conditions du retour à un ordre constitutionnel et un régime démocratique passant par des élections transparentes et crédibles, ainsi qu’un respect intégral des droits de l’homme. L’UE saisit cette occasion pour rappeler l’obligation du Soudan à coopérer avec la Cour pénale internationale en vertu de la résolution 1593 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Seule une autorité civile de transition constitue un partenaire avec lequel les relations entre l’UE et le Soudan peuvent être normalisées. L’UE se réjouit, lorsque le Soudan aura entamé un processus de transition vers un régime civil, de pouvoir apporter son soutien à ce pays pour relever les défis sociaux, économiques et politiques ainsi que mettre en oeuvre les réformes nécessaires, et elle fournira une assistance en conséquence.
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