Fin janvier, avait lieu à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 26ème Sommet de l’Union Africaine. Cette édition a vu le chef d’Etat tchadien Idriss Déby Itno prendre la présidence de l’UA. Très engagé dans la lutte contre le terrorisme, le Président Déby devrait inscrire les questions sécuritaires tout en haut du programme d’actions de l’UA pour l’année à venir.
Un nouvel élan face aux attaques terroristes
Chaque année, depuis sa création en 2002, l’Union Africaine organise un Sommet réunissant tous ses pays membres autour des enjeux qui mobilisent l’ensemble des Etats africains. Tous les ans, un nouveau président de l’Union Africaine est désigné lors de cette manifestation, selon un principe de présidence tournante.
Le Sommet 2016 a permis au chef d’État tchadien Idriss Déby Itno d’accéder à la tête de l’UA, une responsabilité que l’heureux désigné tente de remplir avec force et résultats, rompant ainsi avec le bilan quasi-inexistant de son prédécesseur à la tête de l’institution, le Président du Zimbabwé, Robert Mugabe.
Pour l’homme qui vient tout juste d’être réélu à la tête du Tchad pour un cinquième mandat, l’UA a un véritable rôle à jouer face à la montée du terrorisme en Afrique. Selon lui, il est temps « que l’Afrique assure elle-même sa sécurité face au terrorisme ». Lors du Sommet, il n’a pas hésité à fustiger le manque de réaction des pays africains face aux dangers qui menacent leur sécurité pour finalement encourager les Africains à jouer collectif afin d’arrêter d’être « des observateurs passifs de solutions qui viennent d’ailleurs ».
Et question sécurité, il faut dire que Déby, au pouvoir dans son pays depuis vingt-cinq ans, connaît plutôt bien la musique. Celui qu’on surnomme « le gendarme du Sahel » a, depuis longtemps, engagé son armée dans un sérieux combat contre le terrorisme qui sévit dans toute l’Afrique. Que cela soit dans le nord du Mali, en 2013, pour lutter contre les djihadistes, au Cameroun et au Nigeria pour contrer les attaques de la secte Boko Haram, ou en Somalie pour faire la guerre aux islamistes shebab, les forces armées tchadiennes répondent présentes, avec à chaque fois une volonté ferme de faire disparaître ce fléau du continent africain.
Un combat difficile
L’Union Africaine n’a pas non plus attendu que le Président Déby soit aux manettes de l’organisation pour partir à l’assaut des terroristes. Les précédents Sommets ont régulièrement fait de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme une priorité.
Au cours de ces dernières années, l’Union Africaine a défini une large gamme d’instruments juridiques et organisationnels pour tenter de venir à bout du phénomène terroriste. Qu’il s’agisse de mécanismes de coopération entre services de renseignements ou de la mise en place de forces régionales d’intervention, l’UA a multiplié les initiatives pour endiguer cette menace perpétrée par Boko Haram, l’Etat islamique ou encore les shebab et Al-Qaida.
Déjà en 2002, un Plan d’action était décidé lors la réunion intergouvernementale de haut niveau des Etats membres de l’Union Africaine qui se tenait à Alger, se chargeant de renforcer le pouvoir de la police, de sécuriser davantage le contrôle des frontières ou encore de définir de nouveaux moyens pour lutter contre le financement du terrorisme. Depuis 2002, de nouveaux engagements sont venus émailler ce programme, collant à chaque fois aux mutations de la menace terroriste.
Pourtant, l’UA a beau faire preuve d’un certain volontarisme sur le terrain du terrorisme et des questions sécuritaires, les mesures mises en place peinent à donner des résultats concluants face à une menace qui ne cesse d’aller crescendo.
Aujourd’hui, le terrorisme évolue à une vitesse impressionnante et les mouvements extrémistes actuels n’ont que faire des frontières et s’organisent de manière transnationale. L’UA doit désormais réfléchir aux manquements du passé pour définir un plan d’actions efficace, capable de neutraliser l’ensemble des courants terroristes en activité. Un combat qui pourrait trouver un nouvel espoir avec l’arrivée d’Idriss Déby Itno à la présidence de l’organisation.
Par Mathilde Grandjean