À la suite d’un bras de fer de six mois avec le Président sortant Jean Ping, Nkosazana Dlamini-Zuma a remporté ce dimanche au quatrième tour, par 37 voix, la présidence de la Commission de l’Union africaine.
Elle devient ainsi la première femme à occuper ce poste, après une belle et longue carrière politique au service de l’Afrique du Sud. Ce dimanche, l’Union africaine (UA) a célébré l’élection de la nouvelle présidente de la Commission, la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, ex-femme du président sud-africain Jacob Zuma.
Ce membre convaincu de l’ANC (Congrès national africain), forgé politiquement par la lutte anti-apartheid et l’exil, à 63ans, est considéré comme la femme la plus influente d’Afrique du Sud. Gravissant les échelons au sein du parti, elle a partagé son temps entre le Royaume-Uni et l’Afrique australe, en œuvrant activement aux intérêts de son peuple. C’est au Swaziland, où elle était pédiatre dans un hôpital, qu’elle a rencontré Jacob Zuma. Elle est devenue sa troisième épouse en 1982 et ce jusqu’en 1998, date de leur divorce.
Cette position d’épouse ou d’ex-femme d’un leader de taille ne l’a jamais empêché de jouer un rôle politique de premier plan. Puisqu’en 1994, Nelson Mandela, à son arrivée au pouvoir, lui confia le portefeuille de la Santé. Une nomination difficile, avec la tâche ardue de refonder un système de santé publique fondé sur le principe de la ségrégation raciale. Après cinq ans au Ministère de la Santé, elle en effectuera dix autres aux Affaires étrangères et trois à l’Intérieur. Partout où elle est passée, madame Dlamini-Zuma a laissé l’image d’une femme austère, sérieuse, efficace et parfois frondeuse.
Une dame de fer aux antipodes de Jean Ping
Le Gabonais Jean Ping, son prédécesseur, à la tête de la Commission de l’UA depuis 2008, n’a ni brillé par son style tout en rondeurs, ni par son bilan mitigé notamment sur la fin de son mandat. Tous les observateurs de la scène politique africaine s’accordent à dire que l’UA a été quasi-absente des évènements importants qui ont secoué le continent. De la révolte des peuples arabes, en passant par la crise humanitaire de la Corne de l’Afrique ou l’intervention française en Côte d’Ivoire, l’organisation n’a jamais réellement fait entendre sa voix. La guerre en Libye a sans doute été le point d’orgue de cette impuissance, face à l’intervention militaire d’une coalition internationale sur terre africaine. Certains ont même accusé Jean Ping d’être l’homme des Occidentaux, particulièrement en raison de sa proximité avec la famille Bongo et de nombreux dirigeants français.
Avec madame Dlamini-Zuma, l’organisation panafricaine risque de vivre une réelle métamorphose, si ce n’est dans les actes tout au moins dans le discours. Sa résistance aux pressions occidentales pour durcir la pression sur le Zimbabwe prouve que cette dame ne compte pas se faire imposer des décisions qu’elle juge contraires aux intérêts africains. Si l’on peut contester ce soutien tacite au régime de Mugabe, il est au moins l’assurance de son caractère et de son indépendance.
En plus d’être la première femme élue à la tête de la Commission, madame Dlamini-Zuma devient également le premier candidat victorieux de l’Afrique Australe. « C’est une bonne chose pour l’Afrique australe. Nous n’avions jamais eu ce poste », se félicitait, un membre de la délégation du Zimbabwe auprès de l’AFP. Cette élection est donc un vent de renouveau pour l’Afrique, et peut-être, l’avenir le dira, une révolution.
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