Alors que les manuscrits anciens du Mali continuent de subir les effets conjugués du climat, du temps et de l’instabilité sécuritaire, l’UNESCO a tire la sonnette d’alarme sur la nécessité de renforcer les efforts de préservation. Une délégation internationale s’est rendue sur place pour évaluer les défis actuels et mobiliser des soutiens.
Les manuscrits du Mali constituent un trésor inestimable, témoin d’une riche tradition intellectuelle et culturelle qui s’est développée en Afrique de l’Ouest, notamment à Tombouctou, dès le XIIIe siècle. Ces documents, rédigés en arabe ou en langues locales transcrites en caractères arabes, couvrent un large éventail de savoirs : théologie, astronomie, médecine, droit, littérature et diplomatie. Ils illustrent l’essor des grandes cités savantes du Sahel et le rayonnement de l’enseignement islamique dans la région.
Les manuscrits de Tombouctou, un héritage en danger
Tombouctou, surnommée la « Perle du désert », fut un haut lieu du savoir où des érudits venus de tout le monde musulman se retrouvaient pour échanger et consigner leurs connaissances. La ville abritait plusieurs bibliothèques familiales et institutions savantes comme l’Université de Sankoré. De nombreux manuscrits y étaient précieusement conservés et transmis de génération en génération.
Cependant, ce patrimoine est aujourd’hui gravement menacé. Les conditions climatiques extrêmes, l’usure du temps et l’absence de mesures de conservation adaptées ont fragilisé ces documents. Mais c’est surtout la crise sécuritaire qui a éclaté en 2012, avec l’occupation du nord du pays par des groupes djihadistes, qui a mis en péril leur préservation. Face au danger, de nombreux Maliens ont organisé en urgence l’évacuation de milliers de manuscrits vers Bamako afin de les protéger des destructions et du pillage.
Une mobilisation internationale pour la sauvegarde
L’UNESCO et ses partenaires se mobilisent activement pour préserver ces documents d’une valeur inestimable. « Les manuscrits anciens du Mali constituent un patrimoine documentaire inestimable, témoignant de l’épanouissement culturel et intellectuel de cette région du Sahel à travers des siècles« , a rappelé l’organisation dans un récent communiqué. Le 16 janvier 2025, une délégation composée de représentants de l’UNESCO, de l’Ambassade du Japon et d’institutions locales s’est rendue dans plusieurs lieux emblématiques, notamment la Bibliothèque nationale du Mali, l’ONG SAVAMA-DCI et l’Institut des Hautes Études et de Recherches Islamiques Ahmed Baba de Tombouctou (IHERI-ABT). L’objectif était d’évaluer les conditions de conservation des manuscrits et de renforcer la coopération entre le Mali, l’UNESCO et le Japon dans les efforts de sauvegarde de ce patrimoine unique.
Sous la houlette de Son Excellence Monsieur Yukuo Murata, Ambassadeur du Japon au Mali, la visite a permis de passer en revue les services liés à la restauration, au catalogage, à la numérisation et à la sauvegarde des manuscrits. « La préservation de ces trésors documentaires est une priorité absolue, et nous continuerons à travailler avec nos partenaires pour garantir leur accessibilité aux générations futures« , a souligné Dr. Banzoumana Traoré, représentant du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest.
De son côté, l’Ambassadeur du Japon a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir les initiatives de sauvegarde, mettant en avant l’importance de ce patrimoine non seulement pour le Mali, mais pour le monde entier. Cette visite marque une avancée significative dans la collaboration internationale visant à préserver les manuscrits anciens du Mali, symboles d’un savoir ancestral et d’une richesse culturelle exceptionnelle.
L’UNESCO, aux côtés du Gouvernement malien et de ses partenaires, reste engagée à garantir la préservation et la transmission de ces documents rares, afin qu’ils continuent d’inspirer les générations futures et de témoigner du rôle essentiel de Tombouctou et du Mali dans l’histoire intellectuelle mondiale.