L’unanimité magique de Ben Ali


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96, 52 % des trois millions et demi de Tunisiens ont dit oui au référendum sur une réforme de la Constitution qui ouvre la voie à un quatrième mandat pour le président Zine El Abidine Ben Ali en 2004. L’opposition tunisienne préfère parler de Ben à vie. Le président du Congrès pour la République (CPR), Moncef Marzouki, ironise, entre colère et stupéfaction, sur cette  » unanimité magique « . Interview.

Afrik : Quelles sont vos premières réactions suite aux résultats du référendum sur Constitution, adoptée à 99,52% selon le résultat officiel ?

Moncef Marzouki : Il est dans la logique d’une dictature. C’est le 4ème 99 % de Ben Ali en dix ans ! C’est une fausse unanimité, une unanimité magique. C’est la signature de l’illégalité d’une dictature aux abois.

Afrik : Avez-vous été surpris par les résultats ?

Moncef Marzouki : Avant l’annonce, j’avais un petit espoir que les conseillers de Ben Ali parviendraient à le convaincre que 80 % serait un score plus honorable pour lui, que le vernis démocratique serait sauf. Mais il est dans une logique de dictateur. Il pense que tout tourne autour de sa personne.

Afrik : Selon les chiffres officiels, il n’y a que 0,38 % des Tunisiens qui ont voté non. L’opposition se réduit-elle à ce pourcentage ?

Moncef Marzouki : Nous ne sommes plus dans le domaine de la politique mais dans celui du pathos. Nous sommes dans la folie, dans le pathologique. Il est impossible de savoir ce qui se passe dans la tête d’un dictateur. Il faut être fou pour croire que 99% des gens vous aiment. Dans la logique de la dictature, il ne peut exister d’opposition au Bien absolu. C’est de la folie.

Afrik : Quel est l’avenir de l’opposition en Tunisie ?

Moncef Marzouki : L’opposition a subi une répression féroce dans les années 90 mais elle est toujours là. La société civile est plus présente que jamais. L’avenir nous appartient et la liberté est proche. Le régime est aux abois, coupé des réalités.

Afrik : Pourquoi le communauté internationale observe-t-elle un silence aussi assourdissant ?

Moncef Marzouki : C’est tout à fait faux de croire que le régime tunisien est un rempart contre l’intégrisme. Depuis 10 ans, Ben Ali combat les démocrates, les syndicalistes et la société civile. Le mouvement islamiste En-Nahda (Renaissance, nldr) est un parti politique pacifique. L’Occident se réfugie dans le silence car Ben Ali est un homme qui sert ses intérêts. L’Occident pense qu’un tel régime est utile. Or, l’exemple de l’Algérie, régime autoritaire et corrompu, démontre que cette logique est fausse, erronée.

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