L’UMP n’est pas assez entrée dans l’histoire


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Billet. La démocratie selon l’UMP est un drame. Ce lundi, Jean-François Copé a triomphé sans gloire avec 50,03% de voix contre 49,97% de suffrages pour François Fillon, devenant ainsi le président de l’UMP le plus mal élu. Le spectacle désolant de cette élection interne renvoie la première formation politique de droite à ses propres leçons de démocratie, souvent données à l’Afrique et jamais appliquées à elle-même.

Le drame de l’UMP, c’est que ses hommes politiques ne sont pas assez entrés dans l’histoire. Le premier d’entre-eux, fraîchement élu, Jean-François Copé en a fait la démonstration par son élection, sur le fil du rasoir, à la tête du premier parti de droite. Le secrétaire général sortant l’emporte, en effet, sur l’ex-Premier ministre François Fillon avec seulement 98 voix d’avance. Une victoire qui fait du Maire de Meaux « le président le plus mal élu de notre famille politique (l’UMP, ex-RPR, ndlr) », souligne Roselyne Bachelot, ex-ministre. Pour rappel, Nicolas Sarkozy a été élu dans un fauteuil avec 85% de suffrages. A côté, les 50,03% de Jean-François Copé paraissent justes pour parler de démocratie.

C’est la démocratie selon Copé qui en prend un coup. Lors de son séjour en octobre 2011 à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire, Jean-François Copé en avait profité pour tancer « la mauvaise séquence » de la primaire socialiste, répondant ainsi à François Hollande, alors désigné candidat socialiste à l’élection présidentielle, qui fustigeait la Françafrique version Sarkozy. Le secrétaire général de l’UMP, à l’époque, rendait visite à Alassane Ouattara, décrit comme « son ami » par Le Figaro. Rappelons que, le successeur de Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir, en mai 2011, grâce notamment à l’intervention militaire de la France, à la suite d’une élection contestée dont il est sorti vainqueur et émaillée d’irrégularités.

Un peu, en miniature, comme l’élection de Jean-François Copé. Il a fallu attendre 24 heures pour connaître le nom du nouveau président de l’UMP. Le secrétaire général sortant avait l’avantage d’organiser ce scrutin interne, qui n’a rien à voir avec les deux primaires socialistes de 2007 et 2011. Dimanche soir, seulement deux candidats (Copé vs Fillon) se sont présentés devant les seuls abonnés de leur famille politique. Au lieu des 3 millions de votants pour la primaire socialiste, un peu plus de 300 000 adhérents de l’UMP étaient appelés à s’exprimer. Ce qui n’a pas empêché le scrutin d’être victime d’« irrégularités » que François Fillon, le vaincu, n’a pas contestées au vainqueur, Jean-François Copé.

Au cinéma, ce scénario pourrait accoucher d’une bonne histoire africaine. Qui se déroulerait en côte d’Ivoire, par exemple. On a d’un côté, Laurent Gbagbo, président sortant dit-vaincu dans les urnes mais qui ne veut pas laisser son fauteuil. Et de l’autre, Alassane Ouattara, donné vainqueur bien que contesté. Transposé en France, ce schéma pourrait, à y regarder de près, ressembler à cette élection interne à l’UMP. Jean-François Copé, donné perdant à quelques jours du scrutin avec 32% des voix contre 67% pour François Fillon, qui finit par l’emporter miraculeusement grâce au recomptage de suffrages litigieuses. Au moins, en Occident, on n’a pas besoin de prendre les armes pour forcer le destin, le saint-esprit s’en charge !

Même si Jean-François Copé propose, ce mardi, à François Fillon d’être son vice-président, le mal est fait. Pour sa première primaire de l’histoire, l’UMP n’a pas su copier « le processus moderne » engagé par le Parti socialiste. Au grand dam de Nicolas Sarkozy, lui qui regrettait que l’Homme africain ne soit pas assez entré dans l’histoire, il doit sans doute s’en mordre les doigts que son parti ne montre pas l’exemple aux pauvres Africains.

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