Le parlement ougandais a adopté une loi pour imposer une taxe controversée aux personnes utilisant les plateformes de médias sociaux. Cette nouvelle loi est critiquée comme une tentative de bloquer la liberté d’expression plutôt que de simplement vouloir augmenter les recettes de l’Etat.
Le parlement ougandais a imposé une taxe quotidienne de 200 shillings (0,05 $, 0,04 €) sur les utilisateurs de plateformes de messagerie Internet comme Facebook, WhatsApp, Viber et Twitter.
Le président Yoweri Museveni a soutenu cette taxe, arguant que les médias sociaux encourageaient les commérages et les fausses informations («to stop gossip»).
La loi devrait entrer en vigueur le 1er juillet, mais des doutes subsistent quant à la manière dont elle sera mise en œuvre précise la BBC.
Le nouveau projet de loi sur les droits imposera également diverses autres taxes, y compris une taxe de 1% sur la valeur totale des transactions d’argent mobile, taxes qui affecteront les Ougandais pauvres qui utilisent rarement les services bancaires.
Le ministre d’Etat aux Finances, David Bahati, a déclaré au parlement que les augmentations de taxes étaient nécessaires pour aider l’Ouganda à rembourser sa dette nationale croissante.
Des experts et au moins un important fournisseur de services Internet ont émis des doutes quant à la mise en œuvre d’une taxe quotidienne sur les médias sociaux, rapporte Catherine Byaruhanga de la BBC en Ouganda.
La journaliste et activiste Lydia Namubiru a déclaré que Museveni voyait la communication en ligne comme une menace pour son règne qui dure depuis 32 ans. «Le président … a dit que c’était pour empêcher les jeunes de faire des commérages, mais ce qui est ironique dans cette déclaration, c’est après que [le musicien populaire] Bobi Wine est devenu député par le biais d’une campagne en ligne», a déclaré Namubiru. politicienne qui est très populaire auprès de la jeunesse de l’Ouganda.
«C’est en fait un discours politique et une organisation en ligne qui a des implications réelles pour lui et son pouvoir. L’intention primordiale est d’étouffer la liberté d’expression, surtout maintenant il existe des preuves que l’organisation en ligne fonctionne.» a-t-elle précisée.
Malgré le petit prélèvement quotidien, Namubiru pense qu’il sera efficace pour réduire l’utilisation des médias sociaux, parce que la plupart des Ougandais achètent des données en petits paquets de 500 à 1 000 shillings.
Lors des élections présidentielles de 2016, l’accès aux médias sociaux a été interrompu et, en avril, le régulateur des communications de l’Ouganda a demandé aux fournisseurs de services Internet de suspendre les sites d’information en ligne non autorisés.