Au début du XXe siècle à Arica, la population d’origine péruvienne dominait démographiquement. On trouvait également dans cette ville une forte proportion de boliviens, une population d’ascendance chilienne et également des indigènes (aymaras et Quechuas) en grand nombre. Mais il existait aussi une population d’afrodescendants, à l’origine emmenés là comme esclaves, qui occupa finalement tout un quartier jusqu’au début du siècle du nom de “Lumbanga”.
Le groupe qui porte ce nom est une organisation d’afrodescendants d’Arica qui compte autour de cent personnes, incluant des adultes, des jeunes, des enfants et des grands-parents. Cristian Báez, chargé des relations publiques Lumbanga, a répondu à nos questions.
De quel type d’organisation s’agit-il, et quels sont ses objectifs?
Sauver les coutumes et les traditions de notre culture de descendants africains qui a été occultée pendant plus de 80 ans a cause de la «chilenisation» qui a eu lieu a Arica lorsque cette ville est devenue un territoire national (du Chili) et que pour cette raison on interdit toutes les coutumes qui étaient présentes à cet endroit, précisément dans la Vallée d’Azapa, là ou les noirs sont arrivés pour travailler en tant qu’esclave pour récolter la canne à sucre et le coton.
« Respecter et Reconnaître nos grands-parents car ils représentent les axes importants de la reconstruction de notre histoire, ce sont eux qui nous aideront à recouvrer toutes les coutumes, traditions et les modes de vie qui prévalaient dans le passé et identifiaient le Noir « Aider les afrodescendants qui ont des problèmes de pauvreté, de santé, d’éducation etc. Il y a par exemple au Chili une dame qui souffre d’une anémie falciforme (Drépanocytose) qui est une maladie génétique qui touche les afrodescendants. C’est le seul cas existant au Chili. Et comme ici au Chili ce n’est pas aussi commun qu’au Brésil, à Cuba et en Amérique Centrale…
Qui peut devenir membre de Lumbanga, et qui doivent contacter les intéressés?
Tous les descendants des noirs peuvent être membre de Lumbanga, ainsi que « ceux qui souhaitent nous aider et connaitre notre culture, qu’ils soient blancs, indigènes ou de toute autre ethnie, du moment qu’ils respectent notre culture et notre organisation ».
Qui dirige votre organisation et comment faire pour contacter Lumbanga
Notre présidente s’appelle Rosa Guisa Lanchipa (artisane afro descendante, athlète, créatrice des anciennes comparses qui étaient réalisées à Arica). Elle représente un exemple pour notre race, à 87 années, elle a encore cette vitalité et cette envie de travailler pour son ethnie et pour Arica qu’elle aime tant. Les gens peuvent nous contacter par téléphone ou par les différents courriers électroniques ci-joints.
Quels sont les besoins et les problèmes fondamentaux des afrodescendants du Chili?
De nos jours, il y a de nombreuses familles d’afrodescendants qui vivent dans la pauvreté, l’autre problème est celui de l’identité puisque quand les organisations d’afrodescendants n’existaient pas, ils ignoraient leur propre culture, ne sachant pas pour quelle raison ils avaient ses traits physiques ou pour quoi leur père ou leur mère étaient noirs alors que l’histoire du Chili ne disaient pas qu’il y avaient des noirs (au Chili) comme c’est la cas au Pérou, au Brésil, à Cuba etc.
Quelle est l’importance à ton avis de la formation de groupes d’afrodescendants?
L’importance réside dans le fait qu’être regroupé entre Noirs a fait que longtemps après, les afrodescendants se retrouvent avec différentes personnes qu’ils avaient perdu de vue depuis, surtout les plus âgés. Le seul fait de créer une Organisation, démontre que beaucoup de personnes se reconnaissent peu à peu comme afrodescendants. Un autre facteur très important est que nous sommes en train de démontrer que nous avons contribué et nous contribuons à la construction et au développement de ce pays, depuis le temps o
ù les noirs ont combattu pour l’indépendance avec l’armée de libération et après dans cette région de Tarapaca où ça s’est accentué à cause du climat qui existe ici. Ils ont occupé des types de travail comme au temps des salpêtriers, ouvriers, agriculteurs, ce dernier métier étant l’un des plus importants, puisque c’était ce qu’ils faisaient en arrivant ici au début, avec la culture de la canne à sucre, du coton, de la banane et au cours des 150 dernières années, ça a été l’olive, qui est aujourd’hui l’un des produits les plus reconnus de cette région, surtout dans la vallée d’Azapa… et les meilleurs préparateurs de l’huile d’olive de différentes sortes sont les noirs.
En général les invités ce sont les afrodescendants âgés, et certains moins âgés également mais qui sont des anciens dans cette ville et qui donnent un point de vue externe
Nous nous réunissons au siège de Socorros Mutuos (Secours Mutuels) sur la rue Imperial entre Azola et Pedro Aguirre Cerda et la table ronde se tient toutes les trois semaines.
« La Mesa Redonda » réunit plus de 15 grands parents de plus de 65 ans, qui abordent plusieurs sujets de l’histoire des noirs. Cette activité est très importante et historique pour nous, car c’est une contribution au patrimoine de notre culture et recouvrer l’histoire des noirs avant que nos anciens nos quittent.
Quelle est la principale revendication des afrodescendants de Lumbanga?
La reconnaissance de l’existence de notre ethnie par les communautés d’Arica. Aujourd’hui, de nombreux collèges présentent des rythmes d’afrodescendants, et nous invitent à leur enseigner notre danse ; le Tumbe Carnaval, typique de cette région.
Nous avons initié une stratégie pour atteindre nos objectifs qui est qu’à travers nos danses de pouvoir réaliser un certain nombre de choses diverses qui font partie de nos buts en tant qu’organisation, comme par exemple nous avons initié une campagne d’enseignement de notre histoire à partir des expériences vécues tirées de la table ronde. C’est ainsi qu’on organise des ateliers de danse et de percussion pour la communauté en général, mais nous leur enseignons également notre histoire.