L’opposition togolaise décapitée


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Drapeau du Togo
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Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), principal parti d’opposition togolais, est provisoirement décapité… Mais toujours vivant. Son président, Me Yawowi Agboyibo, condamné vendredi 3 août à six mois de prison ferme, pourrait encore se présenter comme candidat aux législatives d’octobre.

Me Yawowi Agboyibo, le président du principal parti d’opposition togolais, le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), a été condamné vendredi 3 août à six mois de prison ferme et à une amende de 100 000 FCFA. Une condamnation retentissante qui fait suite à un procès qualifié par beaucoup de  » caricature « . Les cinquante-six avocats qui ont participé à la défense de Yawowi Agboyibo n’ont pu empêcher son arrestation.  » Pendant deux jours, nous n’avons pu entrer dans la prison de Lomé pour le voir, malgré nos permis en règle « , explique Me Gahoun Hegbor, vice-président du CAR.  » Je l’ai vu ce matin et il va bien « , rassure-t-il.

Yawowi Agboyibo était poursuivi par l’actuel Premier ministre togolais, Messan Agbéyomé Kodjo, pour  » diffamation et diffusion de fausses nouvelles « . L’affaire remonte à 1998. Me Agboyibo dénonce l’assassinat de l’un des membres du CAR par une milice se réclamant de Kodjo, alors directeur général du port de Lomé.  » Me Agboyibo n’accusait pas Kodjo de l’assassinat, il dénonçait simplement le fait que rien ne soit fait pour retrouver les assassins « , souligne Me Gahoun Hegbor.  » Cette plainte n’était donc pas fondée.  »

Gaz lacrymogènes

Le collège d’avocats a immédiatement fait appel, dénonçant les règles de procédure qui ont été violées :  » La plainte elle-même était irrecevable car selon la constitution togolaise, une plainte n’est reçue que si la caution fixée par le juge est payée par la partie civile, ce qui n’a pas été le cas. De plus, au moment ou la plainte a été déposée, Me Agboyibo était député à l’Assemblée nationale et protégé par son immunité parlementaire, qui n’a d’ailleurs jamais été levée « , fustige Me Gahoun Hegbor.

Le CAR a beau être décapité, il n’en est pas mort pour autant. Lundi 6 août, il appelait à une mobilisation de la population et invitait les Togolais à se rendre à un meeting de protestation, samedi 11. Ce dernier, interdit par le ministère de l’Intérieur, a été maintenu par le parti d’opposition. Résultat : les gaz lacrymogènes ont fait pleurer les nombreux sympathisants qui cherchaient à se rendre au point de rendez-vous.

Parti gênant

 » La condamnation de Me Agboyibo est une tentative de museler l’opposition mais elle a donné l’effet inverse : les partis d’opposition sont soudés et unanimes derrière Yawowi. Nous avons une réunion tout à l’heure avec les syndicats et les associations des droits de l’homme pour discuter des actions à venir « , note Me Gahoun Hegbor. Quant aux prochaines élections législatives d’octobre, il se veut optimiste :  » La condamnation est très grave pour nous mais elle ne peut que fouetter l’enthousiasme de nos militants. Il n’est pas encore acquis que Me Agboyibo ne puisse pas se présenter car la condamnation n’est pas définitive « .

Lors de la dernière consultation populaire multipartite de 1994, le CAR avait obtenu 36 élus sur 81, devenant ainsi le premier parti à l’Assemblée nationale. Un parti d’opposition très gênant pour le pouvoir togolais.

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