Sur fond de tension et de fraude, Olusegun Obasanjo a officiellement été réélu président de la République du Nigeria, mardi, avec plus de 60% des voix. Les partis d’opposition rejettent ces résultats et menacent d’organiser des manifestations de masse. Des manifestations qui pourraient plonger le pays entier dans la violence.
Les dénonciations de fraudes et autres intimidations par les partis d’opposition et les observateurs internationaux n’y ont rien fait. Olusegun Obasanjo a officiellement été déclaré vainqueur de la présidentielle du samedi 19 avril par la Commission nationale électorale indépendante (Inec), mardi dans la nuit. Un seul tour aura suffit au président sortant, qui s’impose avec plus de 60% des votes, loin devant son principal rival, Muhammadu Buhari, qui n’obtient que 32%. Le leader du All Nigeria People’s Party (ANPP) ainsi que les dirigeants des principaux partis d’opposition du pays ont rejeté ces résultats. Et laissent planer la menace d’une mobilisation nationale qui pourrait enflammer le pays.
» Il n’y a pas eu d’élection «
» Il n’y a pas eu d’élection « , ont déclaré les partis d’opposition à la tribune où l’Inec était censée annoncer la victoire d’Olusegun Obasanjo. Réunis avec les membres de la Commission nigériane, les représentants des partis ont refusé de signer la déclaration officielle des résultats et on volé la vedette à l’Inec. » Il y a eu un plan prémédité pour parvenir à la victoire du Parti démocratique du peuple (parti d’Olusegun Obasanjo, ndlr) quel qu’en soit le prix. Le mandat du peuple n’a été donné à personne, lors de ces élections « , ont poursuivi ces derniers. Interrogé sur le risque de déstabilisation pour la jeune démocratie nigériane, le porte-parole de l’ANPP a déclaré ne pas vouloir » d’une démocratie bâtie sur la fraude « . » Si des violences se produisent, a-t-il conclu, ce sera de la faute de l’Inec et du gouvernement qui ont truqué les élections « .
Les enfants votent
La majeure partie des observateurs internationaux présents sur le territoire nigérian lors des élections ont fait état de fraudes massives et de nombreuses violences, entraînant parfois la mort. « Dans un certain nombre d’Etats, les standards minimaux pour des élections démocratiques n’ont pas été remplis « , explique le communiqué de l’Union européenne (UE). Ajoutant qu' » au moins 25% des observateurs de l’UE ont relevé directement un ou plusieurs cas de fraude. Ce qui est exceptionnellement élevé « .
Les observateurs européens citent notamment des cas de bourrages d’urnes, de » changements de résultats « , de » taux de participation improbables » flirtant avec les 100% et d’enfants autorisés à voter. Les organismes américains – l’Institut international républicain (Iri) et l’Institut démocratique national (NDI) – qui » contestent l’intégrité » du processus électoral, ne se montrent pas moins durs.
Des élections pacifiques, libres et justes
C’est pourquoi l’Inec a préféré s’appuyer sur les rapports des observateurs du Commonwealth, plus cléments, selon la BBC, pour officialiser les résultats des présidentielles. » Les résultats que nous allons annoncer reflètent la volonté de l’électorat nigérian « , a prévenu le président de la Commission avant de déclarer le président sortant vainqueur. Considérant que les élections ont été pacifiques, libres et justes, Abel Guobadia a ensuite invité les éventuels plaignants à saisir les tribunaux.
Le principal concerné, Olusegun Obasanjo, n’a pas cherché à argumenter avec ses opposants. » Les hommes politiques devraient montrer de la courtoisie et accepter la défaite « , a-t-il sermonné. Avant d’appeler les Nigérians à s’unir » pour la reconstruction et le développement du pays « . Un pays qui essayait précisément de réaliser une transition démocratique après des décennies de régime militaire.