L’opposant tchadien Ngarlejy Yorongar est en vie. Le leader de la Fédération action pour la République est arrivé dimanche dans la capitale économique du Cameroun, Yaoundé. Le député, radicalement opposé au régime du président tchadien Idriss Deby Itno, avait disparu le 3 février dernier après avoir été arrêté par l’armée tchadienne pour complicité avec les rebelles qui menaçaient alors le pouvoir. On reste sans nouvelles de son codétenu, Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la Coordination pour la défense de la Constitution.
Ngarlejy Yorongar a trouvé refuge au Cameroun. L’opposant tchadien est arrivé par avion dans la capitale camerounaise, Yaoundé, dimanche en provenance de Maroua, ville située dans l’extrême nord du pays. Il avait été arrêté le 3 février dernier au Tchad, accusé de complicité avec les rebelles qui tentaient alors de renverser le président Idriss Deby Itno. Le chef de la Fédération action pour la République (FAR) avait commencé à donner signe de vie en s’entretenant au téléphone avec son fils aîné, Rokoulmian Yorongar, installé en France. Ce dernier avait confié, samedi, à l’AFP, que Ngarlejy Yorongar était « en vie ». L’opposant avait également accordé un entretien au magazine Afrique Education, publié ce même samedi. Ngarlejy Yorongar y confirmait son arrestation et son évasion réussie vers le Cameroun.
Victime d’une tentative d’assassinat
Détenu dans une « prison secrète », le député aurait été conduit au cimetière de Ngonmba, un quartier situé au sud de la capitale tchadienne N’Djamena, où « un de ses geôliers a tiré « deux coups de feu dans (sa) direction » avant de « disparaître » », rapporte l’AFP, le laissant pour mort. Ngarlejy Yorongar révèle également dans le magazine que les opposants Lol Mahamat Choua et Ibni Oumar Mahamat Saleh, arrêtés dans les mêmes conditions que lui, étaient ses compagnons de cellule. Si Lol Mahamat Choua est « apparemment » libre, l’on reste toujours sans nouvelles de Ibni Oumar Mahamat Saleh, porte-parole de la Coordination pour la défense de la Constitution (CPDC), la principale coalition de l’opposition tchadienne.
Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères s’est dit réjoui, dans un communiqué publié dimanche soir, de la présence de Ngarlejy Yorongar, vivant, au Cameroun. Tout en déclarant être « préoccupé de la situation de M. Saleh dont on a à ce jour aucune nouvelle ». Ngarlejy Yorongar pourrait poursuivre son exil en Europe, rapporte RFI. L’opposant souhaite y être soigné parce qu’il craint d’avoir été empoisonné durant sa détention.
Lors d’une brève escale mercredi dernier au Tchad, le président français Nicolas Sarkozy avait obtenu la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur les opposants disparus au Tchad qui a été officiellement installée ce lundi. Sa visite, perçue comme la preuve du soutien de la France au régime Deby, avait suscité de vives critiques au sein des organisations de défense de droits de l’Homme. « Nous craignons plus que jamais pour la vie de ces deux hommes », avait affirmé le porte-parole de Human Rights Watch (HRW), Reed Brody, en réaction à l’annonce du président français. Samedi, à Paris, le Collectif des Tchadiens de l’Etranger avait appelé à marcher pour dénoncer le régime tchadien et pour dire « non à la France amie des dictateurs ».
Lire aussi : Tchad : recherche opposants politiques… désespérément ?