Le Président du Burkina Faso et son Premier ministre sont retenus en otage au Palais, ce mercredi 16 septembre 2015, depuis midi. S’agit-il réellement d’un coup d’Etat ? La CEDEAO, l’UA et l’ONU ont conjointement condamné ce coup de force.
Que se passe-t-il au Burkina Faso ? Aucune réponse précise pour l’instant. La seule chose qui est sûre est que le président de la République, Michel Kafando, et le Premier ministre, Isaac Zida, ne sont pas libres de leurs mouvements. Est-ce suffisant pour parler d’un coup d’Etat? Des négociations seraient en cours.
Selon certaines informations, des éléments du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) ont investi le palais de Kosyam, résidence du Président burkinabè, ce mercredi vers 12 heures, avant de fermer le portail d’entrée. Le président de la transition burkinabè, Michel Kafando, et le Premier ministre, Isaac Zida, auraient été arrêtés alors que le conseil des ministres rassemblait tout le gouvernement autour d’eux.
Seule certitude, les auteurs de ce coup de force sont des militaires du RSP. Un membre du Régiment de sécurité présidentiel a confié sur la chaîne de télévision locale BF1 que « les preneurs d’otage auraient divisé les membres du Gouvernement en deux groupes et dans des salles distinctes. Des négociations seraient en cours avec la Haute hiérarchie militaire pour un éventuel dénouement ».
Certains analystes font la liaison entre ce coup de force et le bras de fer entre le RSP et le colonel Zida, Premier Ministre, lui-même ancien membre de ce Régiment, qui avait annoncé, dès sa prise de pouvoir, son intention de supprimer ce corps d’élite de l’armée, impliqué dans la répression mise en place par le Président démissionnaire Blaise Compaoré. Ce qui n’était du goût des intéressés, qui avaient haussé le ton, au point de réclamer l’exclusion de Zida du gouvernement.
Pour l’heure, il est établi que le président de la transition, le Premier ministre et plusieurs membres du gouvernement sont retenus en otage. Ce coup de force a été rapidement condamné par la CEDEAO, l’Union Africaine et l’ONU, dans un communiqué conjoint envoyé à la rédaction. Le signal hertzien des radios internationales, comme RFI, a été coupé, ce qui ajoute à l’absence d’informations qui règne actuellement dans la ville.
Les mouvements impliqués dans le mouvement révolutionnaire qui avait provoqué le départ du Président Blaise Compaoré, tels que le « Balais Citoyen », ont appelé dans la journée à un rassemblement Place de la Révolution (anciennement nommée Place de la Nation) mais leurs militants, auxquels se mêlaient beaucoup de curieux, ont été dispersés par des tirs de sommation du RSP, tirs qui auraient fait au moins une victime civile. Les lieux sont désormais déserts.
Les correspondants d’Afrik.com présents sur les lieux notent la grande confusion qui règne ce soir à Ouagadougou, où chacun essaie de s’informer sur la tournure que prennent les événements, mais où peu osent braver, au péril de leur vie, le couvre-feu qui a été instauré cette nuit, et que des patrouilles armées font respecter. Nul ne saurait à ce stade prévoir l’issue des discussions en cours entre les autres éléments de l’armée et les auteurs du coup de force.