L’ONU impuissante devant les viols en RDC


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Le sous-secrétaire général de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Atul Khare, n’a pas caché son désarroi mardi devant le Conseil de sécurité. Plus de 500 viols ont été perpétrés depuis juillet dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC) alors que la base des Casques bleus est dans le secteur. Son constat est sans appel : l’ONU n’a pas été à la hauteur.

« Les casques bleus ont failli à leur mission en se montrant incapables d’empêcher les viols systématiques dont ont été victimes des femmes et des enfants début août en République démocratique du Congo » a déclaré mardi, devant le Conseil de sécurité, Atul Khare, sous-secrétaire général de l’ONU pour les opérations de maintien de la paix. Entre le 30 juillet et le 2 août, 242 femmes et enfants ont été violés à Luvungi, localité de 2200 habitants située à une trentaine de kilomètres de la base des Casques bleus, ce à quoi viennent s’ajouter 267 viols supplémentaires de femmes et d’enfants parfois âgés de 7 ans perpétrés en août dans les villages du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Plus de 500 viols dont les forces de la Mission de Stabilisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUSCO) n’ont entendu parler que deux semaines plus tard. Même si le représentant onusien a rappelé que le gouvernement de la RDC était le premier responsable de la sécurité de ses citoyens, il a fait amende honorable. « Nous avons clairement échoué également. » a-t-il précisé. Et d’ajouter : « Je me sens personnellement coupable envers les personnes qui ont souffert de ces brutalités. »

Envoyé à la fin du mois d’août sur le terrain par Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies, Atul Khare avait pour mission de collecter des informations sur les circonstances de ces viols de masse. Devant les 15 membres du Conseil de sécurité, il expose à quel point le viol est devenu une véritable arme de guerre : « L’une des principales conclusions de ma visite est que le viol est la seule violence pour laquelle les communautés tendent à stigmatiser la victime plutôt que de poursuivre les responsables. Les victimes sont victimes deux fois : d’abord par les auteurs et ensuite par leurs communautés. »

Impunité totale

Les auteurs de ces viols collectifs perpétrés à Luvungi étaient près de 350, selon le chef du village, en majorité des membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Parmi eux, des rebelles Maï-Maï, milice tribale congolaise, et hutus ayant participé au génocide de 1994 au Rwanda. Toutes les femmes du village ont été agressées sexuellement à plusieurs reprises sous les yeux de leurs enfants et de leur mari et sans distinction d’âge. Margot Wallstrom, émissaire des Nations unies contre les violences sexuelles, a rapporté devant le Conseil de sécurité un témoignage recueilli auprès d’une des villageoises : « Elle a décrit comment les hommes armés sont passés de maisons en maisons en forçant les portes, et comment les habitants ne pouvaient pas s’échapper, le village étant encerclé. Elle a décrit comment les hommes armés ont inséré leurs mains dans les parties génitales des femmes à la recherche d’or. De nombreuses femmes se sont faites violées en groupe par cinq ou six hommes à la fois. »

Atul Khare, sous-secrétaire général de l’ONU pour les opérations de maintien de la paix, a demandé à ce que des sanctions contre les chefs du mouvement rebelle des FDLR soient prises, soulignant l’importance que devait revêtir la fin de l’impunité pour ces hommes. « Il est essentiel que les responsables de ces crimes odieux soient rapidement arrêtés et traduits en justice » a-t-il souligné. Même condamnation du côté de Margot Wallstrom, émissaire des Nations unies contre les violences sexuelles, qui a relevé le caractère systématique de ces atrocités : « Il est évident que le viol est progressivement devenu « l’arme de choix » à l’est de la RDC, atteignant des proportions endémiques », a-t-elle déploré devant le Conseil de sécurité. Selon les chiffres des Nations unies, 27 000 viols ont été décomptés en 2006 pour la seule province du Sud-Kivu. Le chiffre est évidemment beaucoup plus élevé dans l’ensemble du pays. Selon les estimations du gynécologue congolais Denis Mukwenge, spécialisé dans la « reconstitution » des vagins mutilés, on dénombrerait plus de 500 000 femmes violées dans la région des grands lacs depuis 15 ans, dont 45 000 rien qu’en 2007.

Atul Khare a déjà annoncé mardi que des patrouilles supplémentaires avaient été mises en place dans l’Est de la RDC pour éviter que ces atrocités ne se reproduisent. De plus, depuis le 1er septembre, la MONUSCO a lancé une opération, Shop Windows, en soutien aux forces de sécurités congolaises pour interpeller les agresseurs des villageoises. Trente-un seraient déjà hors d’état de nuire selon le représentant onusien. A présent c’est au système judiciaire congolais de sanctionner les auteurs de ces crimes, une justice qui peine à s’installer.

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