Plutôt que de créer une mission de maintien de la paix, le Conseil de sécurité de l’ONU a élargi jeudi la Mission de
l’ONU au Soudan (UNMIS) pour aider au maintien de la paix au Darfour. L’UNMIS a été déployée en 2005 suite à la signature d’un accord entre le gouvernement et les rebelles du Sud-Soudan pour mettre fin à leurs vingt ans de guerre.
Le Conseil de sécurité a voté une résolution augmentant le personnel de l’UNMIS de 17.300 soldats et de 3.300 policiers en civil qui seront déployés pour le maintien de la paix au Darfour. Le Ghana et la Tanzanie, qui représentent l’Afrique au Conseil de sécurité, ont fortement soutenu cette résolution. La Russie, la Chine et le Qatar se sont abstenus sous prétexte que le gouvernement soudanais n’a pas donné son assentiment au déploiement
de casques bleus de l’ONU au Darfour.
Le gouvernement soudanais s’est opposé au déploiement de casques bleus au Darfour, soutenant que cela remettrait en cause la souveraineté du pays. Les membres du Conseil ont évoqué la présence de l’UNMIS comme une preuve que les casques bleus de l’ONU ne compromettaient pas la souveraineté du Soudan.
Dans sa nouvelle résolution, le Conseil a réaffirmé son « engagement ferme envers la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale du Soudan », soulignant qu’elles ne seront pas remises en cause par le déploiement de casques bleus de l’ONU.
Le Conseil a invité le gouvernement du Soudan à consentir au déploiement des casques bleus et a invité les Etats membres de l’ONU à apporter les capacités de ce déploiement.
Tout déploiement de casques bleus au Darfour ne nécessitera aucun nouvel accord avec le gouvernement du Soudan mais va se faire dans le cadre de l’accord de 2005 sur le statut des forces de l’UNMIS, indique la résolution du Conseil de sécurité.
Le projet consiste à faire remplacer par des casques bleus, les 7.000 hommes de la Mission de l’Union africaine au Soudan (AMIS) qui peine à ramener la paix au Darfour.
L’Union africaine (UA) a décidé au début de cette année, que l’AMIS devait céder la place à une mission de maintien de la paix de l’ONU.
Le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de l’ONU, Kofi
Annan, de travailler avec l’UA et les signataires en mai, de l’accord
de paix au Darfour, sur un programme et un calendrier pour la
transition de l’AMIS aux opérations de l’ONU.
La résolution préconise le renforcement de l’AMIS dans la période
intérimaire précédant l’expiration de son mandat au plus tard le 31
décembre.
Le mandat de l’UNMIS au Darfour prévoit la surveillance et la
vérification du respect de l’accord de paix sur le Darfour par les
parties, des investigations sur les violations de l’accord et une
assistance aux parties pour la restructuration et la formation de la
police soudanaise.
La mission va aussi aider au désarmement et à la réintégration des
anciens combattants et maintenir sa présence à l’intérieur des camps
pour personnes déplacées.
Elle va aussi promouvoir le respect de l’Etat de droit à travers une
stratégie globale destinée à lutter contre l’impunité et à contribuer
à la paix et la stabilité à long terme.
En soulignant la dimension régionale de la crise du Darfour, le
Conseil a aussi autorisé le déploiement du personnel de l’UNMIS au
Tchad et éventuellement en Centrafrique.
Ce déploiement comprendra des agents de liaison politiques,
humanitaires, militaires et policiers, indique la résolution.
L’élargissement de la mission de l’UNMIS est autorisé dans le cadre
de la section VII de la Charte de l’ONU qui stipule que les casques
bleus seront habilités à user de leur puissance de feu pour se
défendre et protéger le personnel, les infrastructures, les
équipements de l’ONU et la population civile.
Ils vont aussi assurer la sécurité des déplacements du personnel de
l’ONU et des agents de l’aide humanitaire.
Les casques bleus sont aussi habilités à empêcher toute perturbation
de l’application de l’accord de paix du Darfour par des groupes
armés.
Dans leurs déclarations après l’adoption de la résolution, la plupart
des membres du conseil ont parlé de soutenir le déploiement des
casques bleus de l’ONU au Darfour afin d’aider à mettre fin au
conflit qui a fait plus de 200.000 victimes et déplacé plus de trois
millions de personnes ces trois dernières années.
Le président du Conseil pour le mois d’août, le Ghanéen Nana Effiah-
Apenteng, a déclaré que cette résolution a donné à l’UNMIS le mandat
de faire la différence dans la vie des populations du Darfour.
Cette résolution, a-t-il affirmé, a donné au Soudan une opportunité
de participer à la fin de cette crise et laisse la porte ouverte pour
une coopération entre le gouvernement soudanais, l’ONU, l’UA et
d’autres acteurs.
Si le gouvernement du Soudan ne coopère pas, selon lui, il agira en
violation de l’accord de paix du Soudan et des résolutions
correspondantes du Conseil.
M. Effiah-Apenteng a aussi souligné que la résolution réaffirmait le
principe de l’UA qui reconnaît le droit de l’Union à intervenir dans
les affaires des Etats membres si ces derniers n’arrivent pas à
protéger leurs citoyens.
Parmi les pays qui se sont abstenus de voter la résolution, la Chine
s’est déclarée favorable à la mission de l’ONU mais qu’elle aurait
préféré le consentement du gouvernement soudanais.
Le Qatar, pour sa part, s’est prononcé pour un soutien logistique et
financier à la mission africaine pour lui permettre d’achever sa
mission au Darfour.
Le Conseil a prévu début septembre, une réunion sur le Darfour à
laquelle le gouvernement soudanais, l’UA, la Ligue arabe et d’autres
parties sont invitées.