Les Nations unies autorisent l’envoi d’une force hybride ONU-Union africaine pour rétablir la paix dans la province soudanaise du Darfour. Les modifications apportées à la résolution vont permettre aux soldats de la paix de protéger les populations civiles, premières victimes de la guerre. La priorité est maintenant à un règlement politique du conflit.
« Historique et sans précédent ». C’est par ces mots que Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies, a accueilli le vote à l’unanimité de la résolution 1769 qui autorise l’envoi au Darfour d’une force commune ONU-Union africaine (UA) baptisée Unamid. Vingt mille soldats et 6 000 policiers assureront le maintien de la paix dans la province soudanaise. Ils remplaceront avant la fin 2007 les 7 000 hommes sous équipés de l’UA, impuissants face aux exactions commises sur les civils. Un quartier général devra être établi le 31 octobre au plus tard.
Khartoum échappe aux sanctions
La guerre au Darfour a fait depuis 2003 au moins 200 000 morts et plus de 2 millions de réfugiés selon l’ONU. Leur présence notamment au Tchad fait craindre une extension du conflit. Le texte proposé par la France et la Grande-Bretagne a été profondément remanié. L’urgence humanitaire a finalement incité les membres du conseil de sécurité des Nations unies à faire plusieurs concessions aux autorités soudanaises. Ainsi la résolution ne condamne pas des agissements des milices pro-gouvernementales Janjawids pourtant tenues responsables de nombreux crimes. Khartoum échappe aussi aux sanctions initialement prévues par les rédacteurs.
Le ralliement de la Chine
Des aménagements qui ont permis le ralliement de la Chine, très à l’écoute des positions défendues par le président soudanais Omar El Béchir. Le Chef d’Etat aura également obtenu que les soldats de l’Unamid ne puissent pas enquêter sur la présence d’armes en violation des résolutions de l’ONU au Darfour. Un texte salué par l’ambassadeur du Soudan aux Nations unies qui a indiqué que son pays respecterait ses obligations.
Le déploiement de la force hybride « va nécessiter de la communauté internationale qu’elle se mobilise de manière durable et va exiger des ressources financières et humaines », a indiqué le numéro deux de la délégation française à l’ONU, Jean-Pierre Lacroix. Le mandat des Nations unies, d’une durée initiale de 12 mois, autorisera le recours à la force des contingents pour la protection des populations, pour leur propre défense et pour garantir la liberté de mouvements des équipes humanitaires. L’Unamid, dont le coût est estimé à 2 milliards de dollars, sera composé majoritairement de soldats africains complétés par des contingents asiatiques.
Un message clair
De leur côté, les Etats-Unis partisans d’une ligne dure contre Khartoum, ont envoyé un message clair à Omar El Béchir. Le non respect de la résolution entraînera des sanctions «unilatérales et multilatérales». Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, indique que la priorité est maintenant à un règlement politique du conflit : la résolution « est porteuse d’un très grand espoir » mais « ne doit pas nous inciter à relâcher nos efforts ». Le texte des Nations unies appelle « toutes les parties, en particulier les mouvements non-signataires (de l’accord de paix conclu en 2006, ndlr), à mener à bien la phase de pré-négociations » pour trouver une solution à ce conflit. Une réunion organisée à Arusha, en Tanzanie, du 3 au 5 août, leur offrira l’opportunité d’entamer de nouvelles discussions.
Image extraite du livre « Le Darfour : un génocide ambigu », de Gérard Prunier, aux éditions La Table Ronde
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