Malika Mokeddem réinvente Ulysse dans » N’zid « , publié aux éditions du Seuil. Dans un style narratif arabesque, elle nous plonge dans une odyssée, des odyssées, cruelles et incisives. D’un tel voyage, on en revient meurtri ou sauvé. Si jamais il y a un retour
Ulysse est une femme, elle s’appelle Nora. Elle vient de se réveiller sur un voilier à la dérive au milieu de la Méditerranée. Sa patrie n’est pas la Grèce antique mais l’Algérie d’aujourd’hui. Pénélope est un homme, il s’appelle Jamil. Il est amoureux de Nora. Malika Mokadem décrit une odyssée des temps modernes, un voyage dans un pays que la raison a déserté. Nora l’ogresse se dit que la mer est douce pour » les épaves comme elle « . Mieux, elle est » un immense coeur duquel bat le sien « . Sang bleu du globe entre ses terres d’exode. En dérive, Nora ne cherche pas seulement sa terre mais aussi son identité. » N’zid » signifie en arabe » je continue « , » je nais « . Pour Nora, continuer c’est naître. Renaître pour continuer.
Odyssées intérieures
Les plus grands voyages se passent à l’intérieur, » dans la tête « , avant d’échouer au large. Courir dans toutes les directions pour se retrouver. La dérive peut mener à bon port. Avec un style foisonnant qu’elle maîtrise à merveille, Malika Mokeddem laisse éclater tout son art. Rarement une quête n’a été aussi prenante, hystérique.
Le point de rupture est au bout de chaque phrase. Le verbe est fébrile, le don de Nora pour le dessin ne l’apaisera pas. » N’zid » est survolté, happé dans un tourbillon de tourments. La frénésie de l’ogresse demande la paix. Quelle paix ? La chercher au cimetière ? » Les tombes peuvent attendre « . Quand un pays vous explose à la figure, il est difficile de s’y remettre. Les blessures s’ajoutent aux tourments.
Nora arrive à sa destination. Pour découvrir que le voyage n’est pas fini. L’odyssée ne s’arrête jamais, elle continue. N’zid.
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