L’offense à Abdou Diouf


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Abdou Diouf

Il n’y avait personne pour accueillir Abdou Diouf à l’aéroport de Toronto : résultat, le Secrétaire général de la Francophonie a été pris pour un terroriste !

Le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, a demandé des « excuses sincères et publiques » du Premier Ministre canadien Stephen Harper, pour l’accueil réservé au Secrétaire général de la Francophonie, l’ancien Président du Sénégal Abdou Diouf, lors de son arrivée à l’aéroport international de Toronto (information Radio Canada).

Cet incident forme un prologue malheureux à la Conférence de la Francophonie qui se tient depuis le samedi 13 mai à Winnipeg, dans le quartier de Saint-Boniface. Les conventions internationales signées par tous les pays membres de la Francophonie accordent en effet à son Secrétaire général le rang de Chef d’Etat, et le Canada est bien le premier Etat francophone à le lui dénier aussi ouvertement!

Abdou Diouf traité en terroriste?

Non seulement il n’y avait aucun membre du gouvernement pour accueillir Abdou Diouf à sa descente d’avion, mais le traitement qui lui a été réservé par la police de l’aéroport (fouille au corps, interrogatoire…) était particulièrement inconvenant. La haute stature du Secrétaire général, âgé aujourd’hui de soixante-dix ans, avait-elle suffi à faire perdre tous leurs repères aux fonctionnaires canadiens? Son sang-froid proverbial et son calme courtois avaient-ils suffi à le faire prendre pour un terroriste?

La première entourloupe au protocole allait être suivie d’une seconde, puisque le ministre des Affaires étrangères canadien s’empressa d’oublier dans la foulée le rendez-vous qu’il devait avoir avec Abdou Diouf vendredi 12 mai.

Honoris causa : amère ironie !

C’est donc à Josée Verner, la ministre canadienne chargée de la Francophonie, qu’il est revenu de lui exprimer dès mercredi les regrets du gouvernement fédéral. Josée Verner les lui a réitérés en public, vendredi, au moment de la remise à Abdou Diouf du Doctorat Honoris Causa de l’université du Manitoba. « Elle a exprimé des regrets sur un ton très pathétique qui m’a beaucoup ému. J’ai été profondément touché par cela « , a dit Abdou Diouf, chaleureux et digne, qui n’a pas laissé passer l’ombre d’un reproche au gouvernement canadien tout au long de son séjour.

Triste indifférence

Alors faut-il y voir une volonté délibérée du Canada, hôte de cette Conférence, de prendre ses distances vis-à-vis de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) ? Sans doute pas ! Mais la vérité est plus grave, et plus triste… Cette suite d’incidents révèle l’indifférence, voire le profond mépris dans lequel une grande puissance anglo-saxonne, même partiellement francophone, tient l’OIF, son rôle et ses représentants… Quelle lourde et pénible erreur!

Contre la logique d’affrontement et d’écrasement que semble adopter la mondialisation en cours, la Francophonie est pourtant l’un des rares remparts internationaux, une des rares enceintes où les voix de tous les pays peuvent résonner également, quelle que soit leur puissance militaire ou économique… Comment nos cousins canadiens peuvent-ils si vite l’oublier!

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