L’Algérienne Yasmina Zerroug a ouvert son premier institut Charme d’Orient à Paris, il y a 9 ans. Ses produits 100% naturels et l’ambiance « comme à la maison » ont su séduire les Parisiennes stressées. Yasmina vient même d’ouvrir son deuxième salon. Zoom sur une belle réussite.
L’institut Charme d’Orient passerait presque inaperçu, posé en retrait au coin d’une rue du 12ème arrondissement de Paris. L’enseigne, bien que connue des initiées, est discrète. Tout comme sa propriétaire, Yasmina Zerroug. Voix calme et posée, regard doux, Yasmina s’enflamme pourtant lorsqu’elle parle beauté. Plus précisément, produits de beauté. Ceux qu’elle fabrique pour chouchouter ses clientes comme de vieilles copines d’enfance. « Mon produit-phare, c’est l’épilation orientale au miel. J’ai commencé à l’élaborer toute seule dans ma cuisine : avec mon miel, j’attirais toute les abeilles du bois de Vincennes ! » se souvient-elle.
Ses yeux pétillent à l’évocation de son « soin du désert » avec le savon noir, qui purifie la peau, le rhassoul, « cette terre magique qui lave et adoucit la peau sans assécher » et une pluie de fleurs d’oranger et d’eau de roses. Quant à son masque minéral blanc, elle ne livrera pas la recette, « top secrète ». « Il y a du miel et de la gelée royale. Le masque restaure les cellules de la peau, les régénère, etdonne un teint perlé à la peau, c’est fabuleux ! » Yasmina défend farouchement le 100% naturel pour ses produits. « Les produits sont préparés au dernier moment. Une société m’a demandé de produire mon henné en quantité industrielle mais j’ai refusé car je ne veux pas mettre de conservateurs. Pareil pour mon travail sur les boutons de rose, si on y rajoute un produit chimique, la rose perd son âme, le produit ne parle plus de la même façon sur la peau », explique-t-elle.
L’épilation comme thérapie
Cette recherche du naturel sous-tend toute la philosophie de l’institut. Les soins de Yasmina font du bien à la peau mais aussi à l’âme. « Lors des soins, les émotions, les sensibilités se révèlent. Les produits font parler la peau. Les masseuses ont des mains qui dansent sur les visages », mime-t-elle. « Les soins sont des remèdes. Je considère l’épilation comme une thérapie, il y a une dimension de bien-être. On travaille aussi sur l’intérieur. Ma mère me disait : Ma fille, si tu ne te sens pas bien, occupes-toi de ta peau. La peau a quelque chose à voir avec le spirituel. Il y a de la poésie derrière les gestes des esthéticiennes qui font voyager, et derrière les produits, qui viennent du désert. Ils ont, au naturel, des couleurs incroyables comme la pierre rose, par exemple, qui donne un blush fascinant. »
Si les femmes se pressent dans son salon, ce n’est pas que pour les produits. C’est qu’elles y trouvent aussi une ambiance particulière. « Je voulais que l’endroit fonctionne comme une maison », indique Yasmina, qui prête attention à chaque détail. Parfum d’ambiance, musique douce, thé à la menthe… On retrouve chez elle la même convivialité que celle d’un hammam. « J’utilise les recettes transmises dans les hammams. Le bain de vapeur, c’est l’institut de beauté régulier pour les Maghrébines ! À Alger, c’était la sortie royale, on y allait entre copines, on mettait nos plus belles robes… »
Ne pas perdre son âme
Celle qui a quitté l’Algérie il y a 25 ans, parle de Charme d’Orient comme « d’un retour à l’enfance, un retour aux femmes, à l’harmonie, à la tranquillité. Avec nos vies modernes, on a moins de temps d’aller au hammam, de s’occuper de sa peau. Je me rappelais comment, au hammam en Algérie, j’étais bercée par les odeurs, les gestes, la complicité des femmes entre elles. Je voulais partager cela avec les femmes d’ici. Je fais ce métier pour l’art, j’ai horreur du terme ‘créneau porteur’. C’est un travail physique, il faut donner de soi. Mon capital, c’est le don, l’amour, le temps qu’on consacre. »
L’ancienne professeur d’espagnol, inspirée par la période ottomane et le regard que posaient alors les poètes, les peintres et les romanciers sur les femmes orientales, a trouvé sa voie. « J’adore le contact avec les clientes. D’ailleurs, j’ai deux instituts, celui du 12ème arrondissement, ouvert il y a 9 ans, et celui du 16ème arrondissement que j’ai ouvert il y a trois mois. Il n’y en aura pas d’autre car je ne veux pas perdre mon âme ni le contact avec les femmes qui viennent chez moi. »
Le téléphone arabe a si bien fonctionné que Charme d’Orient ne désemplit pas. Yasmina a même créé il y a cinq ans une société de création et de distribution de cosmétique orientale. Elle a fait breveter sa fameuse pâte de miel. « Les produits que je propose ont traversé la science et les âges. » Voilà sans doute pourquoi, ils se retrouvent aujourd’hui sur les rayonnages de marques comme Sephora, Etam, Carita, Jacques Dessange, Camille Albane, ou dans un spa chic à Monaco. Quant au développement à l’international de la marque, il se fait, comme pour le reste, en famille et en prenant le temps. Et c’est peut-être ça, le vrai secret de beauté de Yasmina…