Réélu en juin dernier à l’issue d’un scrutin fort contesté par une partie de la population Tchadienne, le président Idriss Déby sera investi ce mercredi 8 août à N’djaména. Six chefs d’Etats de la sous région sont annoncés pour assister à ces festivités.
La réélection du président tchadien n’a pas tout à fait fini de susciter des contestations de la part de l’opposition tchadienne, mais Idriss Déby sera pourtant investi solennellement dans sa fonction de chef de l’Etat, ce mercredi 8 août à N’djaména. Six chefs d’Etats de la sous-région sont annoncés pour assister à ces festivités. Il s’agit, selon « Le Progrès » (journal proche du parti au pouvoir), du président Congolais Sassou Nguesso, de l’Equato-guinéen Obiang Nguéma Mbasogo, du Malien Alpha Konaré, du Centrafricain Ange Felix Patassé, du Soudanais Oumar Hassan El Béchir et du Nigérian Obasanjo. Initialement, précise t-on de source sûre à N’djaména, ce sont quatorze présidents qui étaient prévus…
Quelques absents
Avant même qu’aucun invité n’ait foulé le sol tchadien, on s’empresse de justifier l’absence de certains présidents par l’insuffisance des structures d’accueil. « Nombre de chefs d’Etats se feront représenter parce que nous avons un réel problème d’hébergement de nos hôtes à l’occasion des grandes cérémonies » souligne M. Aderahmane Barka, rédacteur en chef du « Progrès ». Le jonglage consisterait « à loger les chefs des délégations à des endroits différents « . A se demander à quoi peut bien servir la « Cité des hôtes » construite à Farcha, au nord de la capitale?
Quartiers festifs, quartiers moroses
En prélude à cette investiture, il règne, à N’djaména, une atmosphère morose. Pas d’enthousiasme ambiant. Sauf dans certains arrondissements du nord, acquis au président Déby où « des jeunes ont commencé à jouer de la musique dans la rue pour fêter l’évènement » confie M. Barka. Du côté des opposants, une marche de protestation envisagée hier a été interdite par le ministère de l’intérieur. La raison officielle : éviter tout débordement à la veille de l’arrivée des chefs d’Etats au Tchad. Une décision acceptée par les leaders de l’opposition. Néanmoins, la journée d’investiture d’Idriss Déby est décretée journée de deuil par les « forces du changement ». Appel est donc lancé aux Tchadiens de s’habiller demain en tenue noire ou blanche pour marquer le deuil de la démocratie.
Relégitimation ambigüe
Ce qui est évident, explique M. Bénoudjita, directeur de publication du journal privé « Notre Temps », « c’est qu’il y aura une fête à double face : certains tchadiens vont rester chez eux en signe de boycott, d’autres iront à la cérémonie d’investiture ». Quoiqu’on dise, cette cérémonie d’investiture est loin de reconcilier tous les Tchadiens avec leurs » dirigeants mal élus « . Les manifestations de contestation du président Déby prévues ce mercredi par les Tchadiens de la diaspora (France, Usa, Sénégal, Bénin, Burkina-Faso, Mali…) ainsi que les mouvements de rébellion qui existent dans le pays, en disent long sur les conséquences de cette relégitimation ambigüe du pouvoir du président tchadien.